Les mythes

Qu’est-ce qu’un mythe ?

Les mythes sont des récits fondateurs : ils racontent qu’à un moment du Temps, il s’est passé un événement tellement important que les humains ont le devoir de revivre indéfiniment cet événement, à travers des récits, des rites, des coutumes, des prières, des célébrations, des lieux rappelant l’événement… Les personnages de ces récits fondateurs (les dieux et les déesses) sont les personnifications de forces élémentaires et de concepts civilisateurs: le dieu du vent, le dieu du tonnerre, la déesse de l’amour, la déesse du mariage, le dieu de la justice…

A quoi servaient les mythes ?

Ils servaient à répondre à des questions abstraites telles que l’origine du monde, la pureté rituelle, le temps et la destinée des humains… À partir des mythes, les prêtres organisaient les rites qui célébraient leurs divinités, ils organisaient des religions.

Et les rois s’appuyaient sur les mythes pour justifier leur pouvoir, car dans leur généalogie, un ancêtre était fils d’un dieu.

Les pouvoirs des dieux étaient (sont) garants du pouvoir des prêtres et des guerriers, ce qui explique que, quand les philosophes mettaient (mettent) en doute l’existence des dieux (du moins la représentation que les mythes en donnent), ils provoquaient (provoquent) la colère des chefs et des religieux.

Note : Il peut sembler curieux que cette phrase fonctionne aussi bien au passé qu’au présent, mais pour les mythes, le temps n’existe pas puisque les dieux sont éternels.

De quand datent les mythes ?

L’origine de ces récits mythologiques se perd dans la nuit des temps. Ils sont nés dans des sociétés qui ne connaissaient pas l’écriture, puis ils ont été notés selon les moyens techniques de chaque civilisation : sur des tablettes d’argile, sur des papyrus, sur des parchemins ou sur des pierres… Certains mythes nous sont parvenus au hasard de la conservation de ces supports, au hasard des découvertes archéologiques et du déchiffrement de ces écritures oubliées.

Les récits les mieux conservés sont ceux de la mythologie des Grecs et des Romains. Ils nous sont connus à travers des poésies, des pièces de théâtre, des commentaires philosophiques, mais les dieux ont cessé de vivre quand la religion chrétienne les a remplacés.

Dans le monde hindou, les mythes sont parfaitement vivants. Je fais référence aux plus célèbres dieux, déesses ou héros, en espérant vous donner l’envie d’en savoir plus sur ces êtres fascinants dont les humains ont commencé à noter les aventures il y a 28 siècles et qui sont encore honorés quotidiennement par des millions de personnes.

Pensée mythique et pensée moderne

Les récits mythiques traduisent une vision du monde très différente de la nôtre. La pensée mythique a trois caractéristiques remarquables :

– Elle perçoit le monde et les humains à travers des catégories opposées tels que le pur ou l’impur, l’interdit ou le permis, le mâle ou la femelle, le fidèle ou l’adultère, le possédant du sol ou l’étranger… Alors que, pour nous, les frontières entre ces catégories peuvent être souples, poreuses, fluctuantes et ouvertes au dialogue, la pensée mythique ne tolère pas d’égalité ni de compromis : il y a toujours un des deux termes de la dualité qui cherche à dominer l’autre, et le conflit n’est résolu que par la violence, souvent jusqu’à la destruction d’un des deux termes de la dualité. C’est cet aspect que je vais surtout explorer.

– Inversement, la pensée mythique fait s’interpénétrer des catégories totalement étrangères les unes aux autres selon la vision scientifique du monde. Elle croit qu’il est possible de passer d’une catégorie à une autre. Ainsi, les minéraux peuvent se transformer en humains (par exemple dans la mythologie grecque, après que le Déluge a anéanti l’humanité, le couple survivant sème des pierres qui poussent pour faire naître des humains, ou dans la mythologie hébraïque, la femme de Loth est transformée en statue de sel pour avoir regardé la destruction de Sodome par le feu du ciel). De la même façon, la frontière est perméable entre l’humain et le végétal, ou l’humain et l’animal, comme en témoignent les innombrables métamorphoses qui peuvent affecter les humains dans ces récits.

– La pensée mythique croit que des éléments non biologiques, par exemple les énergies naturelles (le vent, l’eau douce ou salée, les tremblements de terre…) ou les concepts humains (le mariage, l’agriculture, la guerre, la justice…) possèdent aussi une forme biologique (une forme vivante composée de cellules végétales, animales ou humaines). Autrement dit, la pensée mythique donne un corps de chair à des choses abstraites : les dieux, les forces naturelles ou les idées. Une fois matérialisés dans des corps de chair, ces forces divines ou naturelles se comportent comme de véritables corps humains : ces forces peuvent parler, aider quelqu’un ou le combattre, produire de la semence pour féconder une femme, etc. Une fois terminée l’action qui a nécessité l’incarnation, la force divine repart dans le monde divin invisible aux humains.

Comment les mythes ont-ils disparu ?

Avec l’émergence de la pensée philosophique des Grecs de l’Antiquité, la vision du monde a commencé à changer. Au lieu de partager la vision mythique de leur époque, les philosophes ont questionné les mythes, ils les ont analysés avec leur raison. Cela n’a pas réussi à l’un des plus grands d’entre eux, Socrate, que les religieux ont fait condamner à mort pour “impiété”.

Au fil des siècles, la pensée mythique a perdu de son influence au profit de la raison qui préfère le dialogue au duel : on a par exemple accepté l’idée que catholiques et protestants n’étaient pas obligés de se détruire mutuellement pour plaire à leur dieu commun, de même que croyants et incroyants pouvaient se tolérer, et que, dans un couple, le mari pouvait partager l’autorité avec sa femme au lieu de se la réserver.

Et peu à peu, la pensée scientifique a établi que les frontières entre minéral, végétal, animal et humain sont infranchissables : il ne peut pas exister des êtres mi hommes mi chevaux comme les centaures ou mi hommes mi boucs comme les satyres et la semence d’un humain ne peut pas engendrer un être mi humain mi végétal comme la mandragore.

Certains mythes continuent à vivre à travers des religions.

D’autres ont survécu en tant que récits considérés comme imaginaires mais porteurs de réflexions sur l’âme humaine, sources de poésie et d’art…

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