45. Fidélité et honneur

Dès la mise en place de l’équipe autour de Flamboyant, Ardent a proposé de prendre en charge ce qu’il appelle « la préparation des spectateurs ».

Depuis lors, chaque matin, avant d’aller au ministère pour sa propre action, il apporte aux crieurs publics un texte qui présente l’avancement du Grand Tournoi de balle au pied. 

Ces informations, il les a rédigées la veille, avec Rose, et les a même recopiées dans une lettre à Jour, pour que les anciens élèves rentrés dans le Sud puissent suivre eux aussi l’action de Flamboyant.

Le ton vif et les nombreuses anecdotes qui émaillent ces comptes-rendus plaisent beaucoup. 

À Sanara, ces informations lancées par les crieurs sont reprises et amplifiées par le bouche à oreille. Chaque quartier est fier de s’entendre présenter comme un foyer de bons joueurs et se dit le meilleur. 

À Tara, les soeurs de Jour, Ambre et Opale, se passionnent elles aussi pour le futur tournoi et ont décidé de partager ces nouvelles avec le plus grand nombre possible de lecteurs.

À la fin du mois des Herbes, Ardent a donc la surprise de recevoir, des mains du soldat qui fait le lien entre le gouverneur du Sud et le ministère de l’Intérieur, un petit paquet contenant une lettre du jeune bibliothécaire et une grande feuille de papier imprimé recto verso sur cinq colonnes. Un des côtés de la feuille porte le titre de la publication, qui barre toute la page en lettres majuscules : LE PETIT JOURNAL DE TARA.

En parcourant l’imprimé, Ardent est stupéfait de voir que tous ses comptes-rendus aux crieurs sont reproduits, avec la mention : “De notre correspondant à Sanara”. 

Allant d’étonnement en étonnement, il découvre ensuite un article signé “de notre envoyée spéciale à Sanara” et qui présente la dernière mode de la capitale, la mode “À la garçonne” : à l’imitation de la princesse, des jeunes filles portent des cheveux courts, sans voile, et des tuniques sur des pantalons à la place des traditionnelles robes longues.

L’article est très élogieux sur le gain de temps, le dynamisme et la liberté de mouvements que cette mode apporte aux jeunes filles. Il devine que Cendres Brûlantes a répondu avec plaisir aux sollicitations de sa grande copine Opale. 

Il y a aussi une poésie d’Obsidienne, qui lui paraît un peu osée dans sa façon de glorifier l’amour.

Le reste de ce “Journal” est composé d’informations locales, principalement le chantier d’assèchement du Marais Maudit, les travaux au temple, les prix des fruits et légumes relevés sur les marchés, une affaire de vol non encore élucidée… 

La lettre de Jour précise les conditions de réalisation de cette publication :

“Vous savez que mes soeurs jugeaient les livres de ma bibliothèque trop vieux, alors pour avoir de la nouveauté, elles m’ont demandé de l’imprimer moi-même. 

Ambre est venue me voir travailler à l’imprimerie. Elle a décidé que le support idéal pour imprimer des nouveautés est une simple feuille qu’il suffit de plier en deux pour le transport : pas besoin de plier en huit les feuilles et de les relier pour en faire un livre, pas besoin non plus de poser une couverture et de trancher les bords. 

Vendre une simple feuille de papier, l’imprimeur et moi, on n’y croyait pas, mais ma soeur est un génie du commerce : mes feuilles se vendent très bien dans notre magasin de la Grand’Rue du Temple. Ma modestie a été obligée de s’effacer devant les décisions de ma soeur aînée : comme je suis célèbre à cause de ma fonction extraordinaire de bibliothécaire (le premier et pour l’instant le seul  dans la région !), la publication fait référence à  mon nom.

Ambre a créé la Société d’Édition du Petit Journal de Tara et a même convaincu notre père d’en être le principal actionnaire. Avec l’argent qu’il a apporté, elle a fait venir du pays d’au delà les Montagnes qui fument une machine qui permet d’imprimer des images et tout le matériel qui permet de fabriquer les dessins spéciaux pour cette machine, et qu’on appelle des “gravures”.

En travaillant avec le technicien qui a livré la machine, Obsidienne a tout de suite compris comment ça marche. Il est en train de s’entraîner à cette technique et les prochaines éditions comporteront des illustrations ! 

Ma sœur en attend un succès accru et va en profiter pour augmenter le prix. J’avoue que ça m’inquiète un peu, mais je lui fais confiance. 

Je vous demande pardon de ne pas vous avoir prévenu de ce projet. Je ne l’ai pas fait parce que je pensais que ça ne marcherait pas. Je suis content de m’être trompé, parce que accéder à la Connaissance, c’est aussi savoir ce qui se passe en ce moment. Je comprends maintenant que le Divin Père bénit notre travail et je veux plus que jamais m’y dévouer. 

J’espère que vous nous ferez confiance vous aussi et que vous continuerez à m’envoyer vos textes. Pensez-vous que nous devons dévoiler votre nom et celui de votre soeur ? 

Votre ami, Jour. » 

Ardent ne peut s’empêcher de sourire avec tendresse, en voyant que son ami est toujours animé de sa foi ardente et que cela le pousse à faire des choses si belles. Plein de fierté, il s’empresse de faire lire ce Journal à ses collègues du Ministère. 

Tous trouvent l’entreprise audacieuse : arriver à vendre une simple feuille de papier imprimé !  

L’un d’eux lui dit même que, s’il comporte davantage de nouvelles de Tara, ce Journal pourra aussi être vendu à Sanara : dans la capitale, les gens originaires du Sud auront plaisir à le lire. Cette perspective enthousiasme Ardent qui se promet de se renseigner sur les commerçants qui font le trajet entre les deux villes et qui pourraient assurer le transport et la vente du Journal. 

 

Durant l’une de ses après-midi consacrées au futur Tournoi, Ardent a rendu visite à Messire Parchemin. Il lui a raconté que, en raison de fouilles opérées par les gardes, les trois jeunes otages recrutés pour être des « sacrificateurs » ont, pour le moment, enterré les petits poignards dans un coin du jardin.

Le vieil avocat a approuvé cette prudence et a accepté de venir assister à un entraînement. Tout de suite fasciné, il a promis de faire l’éloge de cette activité dans les milieux solaires et même d’assister au tournoi. 

Est-ce un effet de la démarche d’Ardent ? Les milices ont cessé de commettre des agressions. Contrairement à ce que craignait le commandant Archer, les travaux de construction et les entraînements se passent dans un calme parfait. 

 

Le calme avant la tempête, peut-être… mais n’anticipons pas et profitons de l’instant présent, de cette parenthèse de douce passion dans un contexte violent. 

 

S’il y en a deux qui profitent pleinement de cette parenthèse de douceur, c’est bien Rose et Ardent. Pour des raisons de sécurité, Rose ne participe pas aux entraînements dans les écoles ni aux réunions de chantier. Mais le soir, elle assiste à la réunion de bilan quotidienne qui se tient à l’Ecole, et, à partir de ces informations, elle participe à la rédaction des communiqués pour les crieurs. 

C’est un moment important pour elle, car elle est souvent en tête à tête avec Ardent pour finaliser le texte, les autres se lassant vite de les écouter disserter sans fin pour trouver la phrase la plus accrocheuse. 

Le jeune homme est troublé lui aussi de se tenir près de celle qu’il aime. Parfois, quand leurs mains se frôlent par inadvertance autour des feuilles de papier, ou quand leurs regards se croisent, ou quand, par hasard, ils proposent le même mot au même moment, le plaisir et la douleur se disputent leur cœur : se sentir si proche l’un de l’autre et ne pas pouvoir se l’avouer ! 

PREMIER JOUR DU MOIS DU SOLEIL TRIOMPHANT

En ce début des fêtes du solstice, Sanara s’éveille dans une atmosphère aussi joyeuse que celle de la fête de l’équinoxe, qui avait sombré dans le sang deux mois plus tôt. Tous les commerces sont décorés de fleurs, de rubans ou de papiers pliés multicolores, même ceux dont les propriétaires ne pratiquent pas la religion solaire.

Les écoles sont fermées, sauf l’Ecole de l’Union, mais les élèves ne s’y retrouvent que pour aider Flamboyant. Grâce à eux, le solstice aura cette année un éclat particulier. Outre les traditionnels feux d’artifices, feux de joie autour desquels on danse, concerts publics, déambulations musicales et banquets de quartiers, la grande nouveauté sera le Tournoi de balle au pied qui aura lieu le quatrième jour de la décade sacrée. 

Le programme de la journée est affiché dans tous les débits de boissons et annoncé régulièrement par les crieurs officiels : la matinée verra s’affronter les enfants des écoles, en équipes mixtes, mais il y aura aussi une partie où les deux équipes enfantines seront entièrement féminines. L’après-midi verra s’affronter les équipes des quartiers.

La partie la plus attendue, qui clôturera le tournoi, en présence de la famille royale dans la tribune officielle, opposera une équipe portant les couleurs de Sanara (bleu et vert) à une équipe aux couleurs de Tara : rouge et jaune. 

Cette partie a fait l’objet de vives discussions entre les deux cousins. Ardent ne voulait pas de cette opposition entre le Centre et le Sud, doublée d’une opposition religieuse, car tous les vert-et-bleu sont de religion lunaire et tous les rouge-et-jaune sont de religion solaire. Mais Flamboyant a arrêté la discussion en déclarant que c’était son projet et qu’il le menait comme bon lui semblait. 

L’équipe solaire part favorite car Ardent, Montagne-de-lumière et Flamboyant, les trois principaux « instructeurs » en font partie. Tous les autres sont leurs élèves, plus ou moins bien entraînés. En face, les meilleurs joueurs sont Aulne-du-lac, Miroir-des-eaux et surtout Personne, mais rares sont les parieurs qui ont vu jouer le vagabond et qui connaissent ses incroyables capacités physiques et tactiques. 

Qui gagnera ? L’équipe du Sud est donnée largement gagnante, mais ceux qui parient sur les vert-et-bleu de Sanara veulent croire à la bénédiction de Mère Lune, à un sursaut des élèves contre les instructeurs ou à la chance des débutants.

 

Le deuxième jour du mois du Soleil triomphant, de bon matin, l’ambiance commence à être joyeuse, car des orchestres ambulants parcourent les rues, suivis par des bandes d’enfants qui crient et chantent. On commence à entendre des pétards qui claquent jusque tard dans la nuit.

 

 Dans le Grand Cercle d’Activités Physiques à peine achevé, les garçons de l’Ecole, auxquels se sont joints Personne et les meilleurs élèves des trois « instructeurs », font un dernier entraînement. Assises par terre sur le bord du terrain, Rose, Flamme, Camélia, Etoile-du-matin, Béryl et Cendres Brûlantes papotent en regardant les joueurs. A l’invitation de Rose, Tourmaline s’est jointe aux filles. Sans rien dire, elle observe les joueurs avec passion, surtout Flamboyant. 

Après une dernière partie endiablée, alors que les élèves des instructeurs s’en vont, les garçons de l’Ecole retiennent Personne et viennent rejoindre avec lui le groupe des filles. Ils ne tarissent pas d’éloges sur les talents du jeune vagabond en tant que joueur. Les trois du Sud, et surtout Flamboyant, veulent le convaincre de quitter Sanara pour venir jouer à Tara :

– Venez chez nous, insiste Flamboyant. On va y développer le jeu ! Vous serez un prince, que dis-je,  un roi de la balle au pied. Vous verrez, les plus belles filles vous sauteront au cou.

– Non, merci, pas de filles.

– Comment non ? ça ne vous intéresse pas les belles filles ?

– Non… ça ne m’intéresse pas. Mais je veux bien venir chez vous, parce que j’ai mon amoureux là-bas, un jeune berger, j’ai promis de revenir vivre avec lui.

Un silence de mort suit cette déclaration. Après avoir parcouru du regard l’assemblée des visages incrédules, Personne murmure :

– Altesse, je vous en prie, trouvez les mots…

– Les mots pour quoi faire ? demande Rose.

– Les mots pour me défendre, regardez-les, ils sont comme des juges qui veulent ma mort.

Qu’expriment les visages autour de lui : Colère ? Dégoût ? Peur ? Mépris ? Haine ? D’une voix suppliante, il murmure :

– Dites seulement une parole et je serai sauvé !

– Je n’ai rien à dire. Que ceux qui vous accusent parlent les premiers, répond calmement la princesse.

Les garçons se concertent à voix basse. Avec son doigt, Rose trace des dessins dans la poussière. Au bout d’un moment, elle interroge :

– Hé bien ? 

– C’est difficile à dire, dit l’un.

–  Il ne suffit pas de l’accuser, dit un autre, encore faut-t-il dire des choses intelligentes.

– Oui, parce que, sinon, vous allez nous ridiculiser avec vos réparties foudroyantes.

Encore un temps de silence puis elle dit :

– Il n’y a pas d’accusation contre vous. Moi non plus, je ne vous condamne pas. Allez et amusez-vous. Et croyez bien que vous êtes un frère pour moi.

Personne se lève et s’éloigne. Aussitôt, les garçons le poursuivent et le rattrapent. Il est soulevé et porté à bout de bras aux cris de : « On a le champion ! On a le champion ! » L’expression de terreur se retire de son visage et il sourit puis rit aux éclats chaque fois qu’ils le font sauter en l’air. Enfin, essoufflés, ils le laissent retourner s’asseoir près des filles, tandis qu’ils jouent à se passer la balle. 

Personne confie à Rose :  

– Qu’est-ce que j’ai eu peur quand ils ont commencé à me secouer ! Je croyais qu’ils voulaient me faire du mal. Après, j’ai compris que c’est leur façon à eux de me dire la même chose que vous, qu’ils sont mes frères.

Oh ! Nom d’une tartelette !  Je viens de trouver le troisième mot ! Maintenant, ma devise c’est : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. Et vous, ma princesse, c’est quoi, votre devise ?

– J’avoue que je n’ai jamais réfléchi à ce genre de chose. 

Béryl appelle les garçons, leur apprend la devise de Personne et décrète qu’il faut trouver une devise pour chacun, en commençant par la princesse. 

Tourmaline fait remarquer :

– Je ne suis pas sûre de savoir ce qu’est exactement une  devise !

Le capitaine Personne lui explique aimablement :

– Une devise, c’est des mots qui résument les choses les plus importantes pour vous. Il en faut deux ou trois.

Rose dit :

– Pour moi, je crois qu’un mot suffira : Servir !

Comme les assistants s’étonnent de ce choix, elle explique :

– Je ne supporte pas de me sentir inutile. Je veux servir le Royaume, servir le peuple. 

Tourmaline s’exclame, avec son franc-parler habituel :

– Peuh ! le peuple ! Vous ne connaissez même pas le peuple, comment vous pourriez le servir ! 

Tous les jeunes ont l’air surpris, la plus choquée étant visiblement Béryl, mais Rose sourit :

– Grâce à vous, chère Tourmaline, je le connais mieux de jour en jour. 

Puis elle s’adresse à celui qu’elle a publiquement appelé son « frère » :

– Comment avez-vous trouvé les mots de votre devise ?

– Vous dites que vous ne supportez pas de vous sentir inutile, moi je ne supporte pas qu’on me commande. Je veux faire ce que je veux, alors j’ai mis la liberté en premier. En deuxième l’égalité, parce que je ne supporte pas l’arrogance des riches. Et comme ça m’a fait très plaisir que vous m’appeliez votre frère, j’ai ajouté la fraternité. 

– Magnifique, dit Béryl. Et maintenant, vous allez trouver des devises pour  nous !

Personne répond :

– Je vais essayer de satisfaire votre seigneurie, Dame impératrice ! Celui que je connais le mieux, c’est Montagne-de-lumière. L’important pour lui, c’est la fidélité, il était prêt à suivre Ardent même dans la mort. Mais il ne ferait pas n’importe quoi sous prétexte de fidélité. Rien de honteux ou de lâche. Il a un grand sens de l’honneur. Alors je propose FIDÉLITÉ ET HONNEUR.

Tout le monde applaudit et Montagne salue l’assistance d’un mouvement cérémonieux :

– Merci, ami Personne, je resterai fidèle à cette devise, et je lui ferai honneur !  

– Et Flamboyant ? demande Tourmaline.

– C’est quelqu’un de décidé, très volontaire. Quand il veut quelque chose, il ne tourne pas autour du pot. Même, des fois, il est… comment dire, un peu trop vif, pas patient…  Il faut des mots pour dire la volonté, et la vivacité en même temps. 

Ardent propose « En avant ! » ; Montagne dit sans ironie : «Résiste à tout»… Les autres cherchent en silence, puis Tourmaline s’exclame :

– Droit au but ! 

Tout le monde applaudit la trouvaille. Flamboyant s’incline en souriant devant la jeune fille qui lui renvoie un sourire radieux. Il la remercie :

– Vous ne m’avez pas vu souvent et déjà, vous me connaissez ! Vous êtes une magicienne, Demoiselle Tourmaline ! Et pour vous, quelle devise ?

– Tourmaline ? Qui s’y frotte s’y pique ! suggère Rose. 

Tout le monde rit et Tourmaline dit :

– Merci altesse, vous aussi, vous êtes magicienne, de m’avoir si bien devinée. Et pardon, si je vous pique parfois, ça ne m’empêche pas de travailler pour vous avec fidélité et honneur, comme dirait ce garçon.

– Comme nous tous ici nous pouvons le dire, assure Flamboyant, sans la moindre ironie.

Rose n’a pas le temps de se demander si ses oreilles ont réellement entendu ces paroles, car des gardes viennent prier l’honorable assemblée de bien vouloir se retirer : la nuit approche et ils doivent fermer le Grand Cercle.

En partant, Flamboyant et Tourmaline échangent quelques phrases à voix basse. Ce manège n’a pas échappé à Béryl, qui murmure à Rose :

– Voyez-moi cette effrontée ! Un garçon qui est d’une famille bien supérieure à la sienne, elle lui parle comme si elle le connaissait depuis toujours !

 

Le soir, dans la chambre des garçons du Sud,  dès que Cendres Brûlantes, après le repas, est repartie chez Rose, Flamboyant demande à ses deux compagnons de bien vouloir déménager dans l’autre chambre, vide depuis les départs successifs des jeunes du Sud et de Miroir-des-eaux. Ardent s’étonne :

– Vous voulez dormir seul ?

– Non, justement, je ne vais pas dormir seul. Et je vous remercie de votre discrétion. 

Flamboyant va dans la salle des ablutions tandis que les deux autres déménagent leur literie dans la deuxième chambre. Quelques minutes plus tard, enfermés dans cette chambre, ils perçoivent la voix de Flamboyant et une voix féminine. Montagne chuchote à Ardent :

– Elle aussi, elle pourrait avoir pour devise « Droit au but ! »

– Qui ça ?

– La « Qui s’y frotte s’y pique » !

– Comment savez-vous que c’est elle ?

– Vous avez bien vu comment elle le regardait et lui parlait ? L’autre admiratrice de Flamboyant, c’est Béryl, mais elle est coincée dans sa famille. Et elle est incapable de parler à voix basse ! 

Alors, là, Seigneur Temps, vous êtes allé vite en besogne ! Mais bravo et merci, parce que cette nuit passée avec Tourmaline va encourager Flamboyant  à progresser sur la voie du pacifisme et de l’unité du Royaume.

Au troisième jour du mois du soleil triomphant, comme il en a l’habitude, le capitaine Personne est monté sur la fontaine de la place pour mieux observer le marché. Un enfant vient lui parler :

– J’étais de garde, pour la fin de nuit. J’ai failli m’endormir, vous savez, on avait tellement couru ! Mais j’ai pas dormi ! Heureusement ! Au petit matin, il y a des gens bizarres qui sont venus voir notre maison.

Il y en a un qui a dit « C’est pour demain soir, pendant la parade. » L’autre a demandé : « Son Excellence sera là ? »  L’autre a dit : « Son Excellence sera quelque part, dans les coulisses, mais pas sur la scène. Il surveillera de loin. Nous, on se contente d’enlever le paquet et de le livrer. » Ils ont un peu secoué la serrure, ils ont trouvé que ce serait facile à enfoncer. Le signal, ce sera quand la musique de la parade sur l’avenue va arriver au niveau de la rue de notre maison. 

Après avoir écouté très attentivement le rapport de son petit espion, le jeune homme lui tape solennellement sur l’épaule :

– Petit capitaine, la patrie vous remercie ! Vous êtes un espion de haute qualité ! Qu’est-ce que vous avez prévu pour faire la fête demain soir ?

– On va aller à la parade sur l’avenue et au feu d’artifice sur le port. 

– Très bonne idée ! Si je vous amène une amie qui voudrait aller à la fête elle aussi, vous la prendrez avec vous ?

– C’est une petite fille ?

– Non, c’est une grande fille, à peu près comme moi.

– Un grande, ça va, on la prendra. Parce que les petites filles, c’est pénible, ça pleure pour rien, ça nous gâcherait la fête.

– Ah bon ? Moi, je trouve ça mignon, les petites filles ! Alors, rendez-vous demain soir, au début de la parade, en haut de l’avenue. Ah ! au fait, il y aura probablement deux grandes filles, mais vous verrez, elles sont très gentilles toutes les deux. 

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