39. L’Esprit des lois

En fin de matinée du septième jour du mois des Herbes, Rose, toujours un peu pâle et les yeux cernés, colle une lettre de Béryl sur son cahier :

Chère Rose,

Quand j’ai entendu parler de la tentative d’enlèvement, je n’ai pas osé vous écrire. Mais les crieurs annoncent depuis plusieurs jours que l’Ecole est arrêtée et que vous êtes fatiguée, parce que vous travaillez tellement. Alors je me permets de vous donner de mes nouvelles, en espérant vous distraire. 

Mon fils est né il y a un mois. Pardon de ne pas vous l’avoir dit plus tôt, mais je pensais que vous aviez compris la raison de ce mariage si rapide et si mal assorti. Je l’ai d’abord allaité, mais je ne suis pas une bonne vache, je n’avais pas beaucoup de lait.

Ma mère a embauché une plantureuse nourrice qui le nourrit, lui et sa propre petite fille. Ils sont si mignons, couchés tous les deux dans le même berceau. Toujours blottis l’un contre l’autre comme des petits chats. La nourrice prend soin de les coucher loin l’un de l’autre. Mais ils se rapprochent immanquablement !

Elle prétend que c’est le mien qui vient se coller à sa fille, moi je vois bien que c’est la petite qui vient se blottir contre mon garçon !

A part moi et la nourrice, ce petit ange doit aussi subir les câlins de ma mère, qui est folle de lui, et de ma tante, qui en est plus folle encore. Elle trouve qu’il ressemble beaucoup à son propre fils au même âge, elle ne croit pas si bien dire ! Elle s’étonne que mon cousin ne m’aie pas rendu visite depuis que l’enfant est né, et qu’il ne soit même pas venu à mon mariage. Elle ne comprend pas pourquoi il m’évite. Il vaut mieux qu’elle ne le sache pas.

Je cherche des occasions de quitter la maison, pour laisser respirer ce pauvre enfant, assailli par quatre folles ! Me permettriez-vous de venir chercher des livres à la bibliothèque du palais ? Un peu de lecture me ferait du bien, je crois. Ma mère ne veut pas que je sorte me distraire, question de bienséance : j’ai oublié de vous préciser que je suis veuve depuis une décade. 

Mon mari a trépassé sans souffrir : un arrêt du cœur, ou de la tête, enfin, la machine était usée. Je lui suis reconnaissante d’avoir sauvé ma famille du déshonneur en acceptant de passer pour le père de mon fils, et j’accomplis les rites pour son repos, mais j’avoue qu’il ne me manque pas. Ma mère convoque déjà les marieuses, mais je compte bien profiter de ma tranquillité aussi longtemps que possible. 

Voilà mes petites nouvelles. Je vous souhaite de retrouver la santé le plus rapidement possible, afin de travailler à nouveau pour le bien du Royaume.

Je reste votre très fidèle amie

Béryl

 

Oh Merci, Seigneur Temps ! A la lecture de cette lettre, l’horrible serpent venimeux « A quoi bon ? »  a perdu un peu de son emprise sur le cœur de Rose et même, de jolies chenilles d’espoir ont éclos dans sa tête :

« Cette lettre de Béryl est comme une gifle pour moi ! Je suis là à me morfondre sans raison, alors que Béryl, qui a subi les violences inqualifiables de son cousin, puis un mariage forcé avec un vieillard et un accouchement qui a dû être douloureux comme tout accouchement, Béryl, elle, ne se plaint pas ! Entre les lignes, je comprends qu’elle s’ennuie. Mais qu’est-ce que c’est que cette mère qui empêche sa fille adulte d’aller où elle veut ! » 

 

Et voilà que les chenilles-pensées se métamorphosent en papillons-actions. D’une main tremblante d’impatience plus que de fatigue, Rose écrit elle-même une lettre d’invitation pour son amie et envoie tout de suite Tourmaline la porter au grand chambellan, qui a pour consigne d’aller, dès que possible, en habit officiel et accompagné de dix soldats, la remettre à Béryl. 

« On verra bien si sa mère ose s’opposer à un envoyé officiel du Palais ! se dit Rose, émue à l’idée de retrouver son amie. Merci Béryl, vous me tirez de mon sommeil empoisonné ! En échange, je vais vous tirer de votre ennui ! »

 

Et cette fois, vaincu par Dame Amitié, l’horrible serpent « A quoi bon » n’a pas eu la force de siffler sa vilaine chanson. Il est resté tapi dans son coin, attendant une heure plus favorable. J’espère bien qu’il ne la trouvera jamais !

 

Rose sent qu’elle va mieux. Cette nuit, elle a bien dormi, en tout cas, elle ne se souvient pas d’avoir fait des cauchemars. L’après-midi, elle décide de se reposer encore : allongée sur son lit, les yeux fermés, elle ne dort pas vraiment mais se laisse aller à une douce rêverie, tandis que Tourmaline travaille à sa couture, assise à côté d’elle. 

En effet, comme sa mère a beaucoup de travail, la femme de chambre a sollicité l’autorisation de coudre tout en veillant sur Rose. Autorisation que la princesse s’est empressée d’accorder, dans l’espoir d’apprivoiser l’intraitable jeune femme.

Au bout d’un moment, celle-ci pose son ouvrage et va silencieusement s’installer au bureau de Rose, pour feuilleter avec soin un livre. Quand Tourmaline se rend compte que Rose a ouvert les yeux et la regarde, elle sursaute :

– Vous ne dormez pas ! Vous m’espionnez !

Bien qu’habituée aux manières rudes de sa femme de chambre, Rose est choquée. Elle s’assied et répond, aussi vivement :

– Je pourrais vous dire la même chose, non ? Qu’est-ce que vous cherchez dans mes papiers ?

– Je ne cherche pas dans vos papiers, je lis votre livre, ça va pas l’user !

– Effectivement, convient Rose aussi calmement qu’elle peut, ça ne va pas l’user. Et je peux savoir ce que vous cherchez dans mon livre de droit ?

– Des informations.

– Je m’en doute… Ecoutez, on ne va pas jouer au chat et à la souris. Si vous avez besoin d’informations, dites-moi de quoi il s’agit et je vous les donnerai, ces informations, du mieux que je pourrai.

Tourmaline constate, avec amertume :

– Vous connaissez les lois, vous…

– J’étudie le droit, mais je suis loin de connaître toutes les lois. Je peux au moins dire que je connais L’Esprit des lois, même si je n’en connais pas tous les détails. 

– De toute façon, les lois, elles sont faites par les riches pour les riches !

Rose s’allonge à nouveau et soupire :

– A vous toute seule, vous êtes plus fatigante que tous les gars du Sud ! Depuis le temps que je vous répète que je veux aider le peuple, vous n’avez toujours pas confiance en moi.

– Mais vous ne pouvez pas aider le peuple, vous êtes l’amie des riches !

– Qu’est-ce que vous en savez, si je suis l’amie des riches ? s’écrie Rose, indignée.

Spontanément, reviennent en sa mémoire les phrases que le jeune voleur avait prononcées en se présentant à elle la nuit de leur rencontre, des phrases qu’elle avait notées et souvent relues :

– Et d’abord, pourquoi y a-t-il des riches et des pauvres ? Hein ? Est-ce que c’est normal que les uns ne sachent pas quoi inventer pour dépenser leur argent, alors que d’autres ont à peine de quoi manger ? Je ne trouve pas ça normal, et je dis qu’il faut mieux partager les richesses !

Tourmaline n’avait jamais entendu sa patronne s’énerver, et surtout depuis qu’elle est malade. Comme par un effet de mimétisme, elle s’excite elle aussi et s’exclame avec encore moins de retenue que d’habitude : 

– Ça alors ! Vous parlez exactement comme le crieur perché ! J’en reviens pas ! Comment vous savez ce qu’il dit ? Vous sortez jamais d’ici ! Où est-ce que vous l’avez entendu ?

– Je ne sais pas de qui vous parlez. Je vous dis ma façon de voir les choses, c’est tout.

– Non, ce ne sont pas vos idées, c’est les idées du crieur perché. 

– ??? Vous pouvez m’en dire un peu plus ?

– Les gens l’appellent le crieur perché, parce qu’il apparaît toujours dans un endroit en hauteur, mais jamais le même. Mais il n’est pas un crieur de nouvelles, il dit des choses rien qu’à lui. Au début, il parlait toujours de liberté, il disait toujours « ni dieux, ni maîtres, la liberté avant tout. » puis il s’est mis à parler d’égalité, il dit qu’on est tous pareils, qu’il ne faut plus de riches et de pauvres. Il se moque de tout le monde, par exemple, les députés ! Il veut qu’on leur coupe les oreilles ! 

– Oh !! Mais pourquoi ? 

– Parce qu’elles ne leur servent à rien, vu qu’ils ne s’écoutent pas entre eux et n’écoutent pas le peuple.

Voyant que Rose rit de l’impertinence du crieur, Tourmaline continue :

– Et les juges, après le procès des jeunes du marché, vous vous rendez compte qu’il voulait qu’on pende les juges par les pieds pour les fumer comme des harengs !

– Encore de la violence ! ça aussi, je peux vous dire que c’est formellement interdit par nos lois ! Et pourquoi un traitement aussi barbare ?

– Vu qu’ils ont déjà le cœur et la cervelle desséchés, c’est facile de finir le travail, qu’il disait. 

Rose rit puis reprend ses questions :

– Et le roi ? Il se moque du roi ?

– Non, il ne s’en moque pas. Il en a parlé une fois, juste pour dire que c’est un brave homme, que ce n’est pas lui qui condamne les gens à mort. Et la reine, il n’en parle pas du tout, et vous, il vous appelle la petite princesse des cœurs ou quelque chose comme ça, quelque chose de gentil. 

– Et vous ne savez vraiment pas qui est ce crieur ?

– Il se perche et s’enveloppe d’un voile. Ce qui fait qu’il y en a qui disent que c’est pas un gars, c’est une fille.

– Quand même, à la voix, on peut savoir si c’est un homme ou une femme.

– Il change sa voix. Dans une même phrase, il peut parler comme un homme puis comme une fille.  Quand il commence à parler, il y a toujours un crétin pour prévenir les flics, heu, je veux dire les policiers. Mais la plupart des gens l’aiment bien parce qu’il est rigolo et ils se débrouillent pour se mettre entre lui et les policiers, alors personne n’arrive à l’attraper.

– Personne n’arrive à… 

A la description qu’en a fait Tourmaline, Rose croit avoir deviné l’identité du crieur perché. Elle pense avec tendresse : « Qu’est-ce qu’il devient, mon ministre des Idées ? » mais ne veut pas se détourner de sa femme de chambre, qui a repris son air buté. Elle continue donc :

– Bien bien… Revenons à nos moutons, Tourmaline. Qu’est-ce que vous cherchez dans mon livre de droit ? Vous voyez bien que je ne suis pas du côté des juges et des députés puisque je ris comme vous. Vous pouvez me faire confiance.

Tourmaline hésite un moment puis se jette à l’eau :

– Bon, d’accord. Je vais vous dire… je cherche des renseignements à propos du travail, si on a le droit de ne pas travailler. 

Rose se lève et va feuilleter le livre, tout en réfléchissant à haute voix :

– Ne pas travailler ? oui, bien sûr, on a le droit de ne pas travailler… sauf si on a promis de le faire, je suppose. Par exemple, vous, vous devez travailler ici, puisque c’est l’emploi que vous avez accepté… 

– Et si je refuse ? Parce que je suis fâchée contre vous, parce que je trouve que vous ne me payez pas assez ?

– Vous trouvez que je ne vous…

– Mais, non, l’interrompt sans ménagement Tourmaline, au contraire, je suis trop payée pour ce que je fais ! C’était juste un exemple. Si un travailleur veut montrer à son patron qu’il n’est pas content, il fait comment ?

– Là, vous me posez une colle, j’avoue… Ecoutez, on va aller à la bibliothèque, dans mon livre il n’y a pas assez de détails. Vous verrez, la bibliothécaire est très gentille. Elle va vous aider dans votre recherche, et moi, j’en profiterai pour prendre quelque chose à lire.

 

Effectivement, Dame Alinéa accueille très aimablement Tourmaline et s’empresse de l’inscrire comme lectrice, mais elle refuse de prêter des livres à Rose :

– Je suis vraiment désolée, princesse Rose, mais le médecin a été formel : vous ne devez fournir aucun travail intellectuel. Il m’a absolument interdit de vous laisser emprunter des livres. 

Rose a beau insister en disant qu’elle s’ennuie, qu’elle ne peut pas passer ses journées à dormir, Dame Alinéa reste intraitable. Avant d’entraîner Tourmaline vers les livres de droit, elle répète aussi gentiment que possible à Rose :

– Pardonnez-moi, et dès que vous irez mieux, je serai très heureuse de chercher avec vous un livre qui vous distraira.

 

Malgré l’insistance du grand chambellan, la mère de Béryl avait d’abord refusé de la laisser sortir pour aller au palais, en raison de son deuil, prétendait-elle.

Enfin, elle a cédé et, au matin du huitième jour du mois des Herbes, Rose serre Béryl dans ses bras en lui disant :

– Quelle joie de vous revoir ! Vous avez une mine splendide ! Vos cheveux sont magnifiques avec cette couleur cuivrée !

– Oui, il paraît que je fais une veuve assez appétissante. Mais vous ! Quelle petite mine ! Et ces cheveux tristes, coupés n’importe comment ! Et ces yeux cernés ! Ah là là ! Quand je ne suis pas là pour veiller sur vous… 

– Hé bien, revenez à l’école, vous veillerez sur moi !

Béryl répond d’un air déçu :

– Ce n’est pas possible, je suis mère. On n’a jamais vu une mère aller à l’école !

– Et pourquoi pas ? Vous n’abandonnerez pas votre enfant, vous le retrouverez tous les soirs. Et dans la journée, il aura trois bonnes fées pour veiller sur lui. 

– Oui, mais, dans votre école, il y a des garçons. Je suis veuve, les gens vont jaser.

– Peuh, les gens ! De toute façon, quoi que vous fassiez, ils jaseront ! L’important, c’est ce que vous vous voulez faire ! Il y a des tas de choses nouvelles, pas seulement des garçons. Je suis sûre que la philosophie va vous plaire !

– En quoi cela consiste-t-il ?

– Hé bien, comment dire… on se pose des questions et on cherche les réponses. Ecoutez, vous n’avez qu’à venir voir vous-même !

– D’accord, je viendrai quand vous recommencerez l’école, c’est-à-dire très vite, je l’espère pour vous ! Ma mère n’osera pas m’en empêcher si je dis que c’est un ordre de vous. Aujourd’hui, elle ne m’a laissée sortir qu’à condition que je sois rentrée avant midi. 

– Oh ! s’exclame Rose, choquée, enfermer sa fille, mais c’est interdit, ça !

– Je ne peux pas rester plus longtemps, mais si c’est un ordre de vous, je reviendrai demain pour aller à la bibliothèque.

– Oui, s’écrit joyeusement la princesse, dites à votre mère que c’est un ordre et revenez demain en attendant que l’école reprenne ! Mais c’est quand même malheureux que je sois obligée d’être autoritaire pour qu’une mère laisse sa fille s’instruire…

Oh ! J’ai un peu oublié Cendres Brûlantes, pendant tous ces jours ! La pauvre, elle est un peu dans le même cas que vous, avec une mère qui la couve à l’étouffer. Demain, je ferai partir un courrier pour qu’elle vienne enfin.

Merci, Béryl, en revenant, vous me donnez envie de reprendre ma vie d’étudiante et vous faites le bonheur de cette jeune fille ! Cette après-midi, je vais me reposer, et demain, on ira à la bibliothèque ensemble. 

En cette même matinée, Ardent et Montagne-de-lumière ont la surprise de trouver le capitaine Personne qui les attend devant l’école :

– Je veux voir l’effet que ça fait d’entrer par la porte comme tout le monde.

Les deux formateurs ne peuvent s’empêcher de rire, ce qui déclenche, en écho, le rire aigu de Personne. 

En fin de matinée, après avoir vigoureusement participé à tous les entraînements, le jeune vagabond déclare :

– Le marché doit être fini, maintenant. Je vais aller voir si je trouve à manger.

Cela fait encore rire Montagne :

– Décidément, vous faites tout à l’envers ! Vous trouvez bizarre d’entrer dans l’école par la porte au lieu de sauter par-dessus le mur, et vous allez faire les courses quand le marché est fini !

– Oui, je vais au marché quand il est fini, parce que je n’ai pas d’argent. Au début, je volais pour manger, mais finalement je suis devenu ami avec tellement de commerçants que je n’ai plus envie de les voler. Alors eux, ils me donnent des restes. 

– Vous vous nourrissez de restes ! Pas étonnant que vous soyez si maigre !

– D’abord, je ne suis pas maigre, je suis mince, nuance ! Et puis, vous savez, je mange à ma faim. Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, mais ici les étalages sont trois fois plus abondants que nécessaire. Il paraît que voir des accumulations de marchandises incite les clients à acheter davantage. 

Personne se lève et prend son style conteur, gestes et termes imagés à l’appui :

– Alors les marchands installent des donjons de pains, des montagnes d’oranges, des rivières de choux-fleurs, des océans de pommes. Et le marché fini, ils défont tout cela, mais ces manipulations abîment un peu les fruits et les légumes : pauvres choux-fleurs, il leur manque des fleurettes ! pauvres pommes, elles sont déjà en compote ! Les pains et les gâteaux aussi, leurs jolis décors sont un peu écrasés ! Alors les marchands donnent tout ça ou le vendent moins cher. Je ne suis pas seul à profiter de ces restes. Tous les mendiants et même des travailleurs pauvres sont au rendez-vous.

Pendant que les enfants installent les mets qu’ils ont apportés, Personne continue ses explications :

– Mais c’est quand même une nourriture monotone, puisqu’en fait, c’est surtout du pain sec et des fruits pourris. Parce que, par exemple, les patates douces ou les haricots, comme ça, tout crus, c’est pas mangeable. Et même les carottes ou la salade, sans assaisonnement, on ne se régale pas.

Nous ne sommes que des mendiants et des vagabonds : nous n’avons aucun équipement pour préparer ce qu’on nous donne. Des fois, un brave homme m’invite chez lui pour que je puisse faire cuire mes patates, mais c’est pas souvent, et puis, s’il fallait qu’il invite tout le monde, il n’en finirait pas.

Voyant que Montagne-de-lumière boit ses paroles, il termine, d’une voix mourante : 

– Enfin, je vais aller ronger un bout de pain sec, ça m’évitera de mourir de faim. 

Montagne-de-lumière est scandalisé :

– Je veux changer ça! Je peux vous aider à vous organiser pour préparer vos repas ! Prenez-moi avec vous au marché ! Je veux voir ce qu’il y a comme marchandise pas chère et comment on peut la cuisiner. 

– Et il n’y a pas que le marché ! Je suis sûr que les commerçants des boutiques pourraient aussi vous donner des restes ou vous les vendre à bas prix pour s’en débarrasser avant qu’ils ne périssent.

– Si vous vouliez bien être mon guide, je vous en serais très reconnaissant. Je ne connais personne, ici !

– Moi, je connais tout le monde ! Allons-y !

Ardent retient Montagne-de-lumière :

– Nous sommes prisonniers, je vous le rappelle. Il faut attendre ce soir pour quitter l’école.

Son camarade éclate de rire :

– Heureusement que votre cher cousin Monseigneur Grande-Gueule ne vous entend pas ! Il aurait beau jeu de se moquer de vos scrupules ! Rassurez-vous ! Je ne m’échappe pas, je vais préparer mon action de réparation.

Un restaurant pour les pauvres et par les pauvres, ça c’est une action nouvelle et utile au Royaume ! Allez, je fais un saut au marché et je reviens vite ! Ne mangez pas tout, gardez moi un peu de ces bonnes choses ! Ou plutôt, gardez-nous à manger, car je vais revenir avec notre ami Personne, pour qu’il se régale lui-aussi !

 

Et voilà, grâce à l’intervention du ministre des Idées de la princesse, Dame Tolérance va bientôt se réjouir de voir le camp des Pacifistes entreprendre une autre belle action.

Mais il ne faudrait pas oublier les ennemis de la paix, le Grand Maître du soleil et Messire Parchemin. Quel mauvais tour préparent-ils, ces deux serpents tapis dans leur trou ?

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