Violences en famille : les mythes II

Les Atrides : cinq générations de violences familiales

Selon la mythologie grecque, le fondateur de cette famille qui cumule tous les types de crimes était Tantale. Vous vous souvenez de ce roi, qui avait offert aux dieux le corps de son propre fils en guise de repas (voir le thème “Les rites : le sacrifice”). Ressuscité par Zeus, ce fils qui se nommait Pélops (et donna son nom à une région grecque : le Péloponnèse) eut de nombreuses aventures.  

Deux de ses fils étaient jumeaux : Atrée et Thyeste. Ils commencèrent leur course au pouvoir en supprimant leur demi-frère, né de la première union de Pélops.

Se défier pour le pouvoir

Puis ils se disputèrent le trône et Atrée chassa son frère. Pour reprendre le pouvoir, Thyeste proposa un défi à Atrée : celui des deux qui serait capable de montrer au peuple une toison d’or serait déclaré seul roi. Atrée releva le défi, car il avait offert à sa femme un merveilleux agneau à la toison dorée (au lieu de le sacrifier à Artémis, voir le thème du sacrifice). Il était sûr de gagner, mais quand il demanda à son épouse de rendre l’agneau d’or, celle-ci lui avoua qu’il n’était plus en sa possession. Et qui présenta l’agneau ? Thyeste lui-même, car il était l’amant secret de sa belle-soeur et elle le lui avait offert. Thyeste fut donc déclaré vainqueur du défi et roi.

Mais Atrée se plaignit à Zeus et celui-ci, par l’intermédiaire de Hermès, conseilla à Atrée de proposer un autre défi : si le soleil se couchait à l’Est, Thyeste devrait rendre le trône à Atrée. Thyeste accepta le défi, sûr de gagner encore une fois. Mais Zeus avait décidé d’avantager Atrée et il ordonna au soleil d’inverser sa course. Comme rien n’est impossible au Tout-Puissant, les Grecs stupéfaits virent le soleil se coucher à l’Est et Thyeste fut chassé à nouveau. C’est peut-être ce prodige qui aveugla Atrée sur sa propre puissance : à partir de là, les crimes ne connurent plus de limites.

Tuer sa femme adultère

L’affaire de l’agneau d’or ayant fait comprendre à Atrée les relations secrètes de son épouse et de son frère, il se débarrassa de la femme adultère, mais la chose est tellement banale que les récits n’ont pas pris la peine de noter la méthode employée !

Assassiner ses neveux

La façon dont il punit son frère, en une vengeance peut-être inspirée par le comportement de son grand-père Tantale, a mérité, elle, d’être racontée pendant des générations : il invita Thyeste à un banquet de réconciliation, mais lui servit en guise de viande les corps de ses deux fils ! Puis, quand Thyeste eut mangé l’horrible ragoût, Atrée fit apporter un plat contenant les têtes, les pieds et les mains des enfants. Et il chassa de nouveau Thyeste, mais avant de partir, celui-ci lança une terrible malédiction sur son frère et ses descendants.

Atrée montre les têtes de ses fils à Thyeste, céramique italienne du XVIe siècle.

Violer sa propre fille

Dans son exil, Thyeste ne rêvait que de vengeance. Il alla consulter l’oracle du temple d’Apollon à Delphes, qui lui apprit que seul un enfant né de lui-même et de sa propre fille pourrait le venger. La demoiselle en question, qui s’appelait Pélopia, était prêtresse d’Athéna. Thyeste se cacha dans un bois près du temple et viola la jeune fille. Sans avoir pu identifier son agresseur, elle parvint à lui voler son épée, avant qu’il ne s’enfuît. Elle abandonna l’enfant qui naquit de ce viol, mais il fut recueilli par des chevriers qui lui donnèrent pour nom Egisthe (chèvre en grec).

Faire un criminel d’un enfant

Atrée rencontra lui aussi la jeune fille qui devait être fort séduisante, car, bien qu’elle fût sa nièce et déjà enceinte, il l’épousa. Il fit capturer son frère Thyeste pour le jeter en prison.

Puis Atrée retrouva l’enfant abandonné par Pélopia et le fit élever comme son propre fils. Ne croyez pas que cette adoption était pure générosité. Atrée méditait bien sûr un mauvais coup : quand l’enfant eut atteint les sept ans, il lui donna une mission de confiance : aller égorger l’homme qui croupissait en prison : son frère Thyeste. Pour cet assassinat, il remit à Egisthe une épée.

Tuer le père ou l’oncle ?

Quand le petit Egisthe tenta d’accomplir sa mission,  le prisonnier eut tôt fait de lui prendre l’épée et il la reconnut : c’était celle que Pélopia lui avait volée après le viol. Il demanda à son petit agresseur d’aller chercher sa mère et leur raconta la vérité, assurant à l’enfant qu’il était son vrai père. Egisthe le crut. Pélopia aussi, mais désespérée à l’idée de l’inceste, elle se suicida avec l’épée.

Egisthe renonça à tuer le prisonnier, mais accepta sa demande de vengeance : sur ordre de Thyeste, il alla tuer Atrée, son oncle biologique et père adoptif.

Tuer le mari pour épouser la veuve

À la mort du roi Atrée, ses fils Agamemnon et Ménélas se réfugièrent à Sparte, sous la protection du roi de cette ville, Tyndare.

Tyndare avait deux filles, Clytemnestre et Hélène. Clytemnestre était mariée à un autre fils de Thyeste, dont elle avait un fils. Pour pouvoir l’épouser, Agamemnon tua le mari et l’enfant.

De son côté, Ménélas obtint sans violence la main de la belle Hélène, qui le choisit entre tous les prétendants.

Masque mortuaire dit masque d’Agamemnon, Musée national d’archéologie, Athènes. Ce masque en or trouvé dans une tombe à Mycènes, date en réalité de 300 ans avant la guerre de Troie.

Tuer sa propre fille

Quand Hélène abandonna son mari Ménélas pour s’enfuir avec le beau Troyen Pâris, Agamemnon accepta d’aider son frère à aller la chercher à Troie. Il monta une expédition de mille navires mais le vent refusa de se lever et les bateaux restèrent bloqués. Interrogé, l’oracle dit que Agamemnon avait offensé Artémis, non à cause de ses crimes, mais parce que, ayant tué une biche à la chasse, il s’était vanté d’avoir réussi un coup si difficile que la déesse elle-même n’y serait pas parvenue. En punition de l’offense, la déesse refusait de laisser partir les bateaux.

Agamemnon pouvait-il renoncer à une expédition qui lui donnait le pouvoir sur tous les rois de Grèce, qui faisait de lui “le roi des rois” ? Non, bien sûr ! Pour obtenir les vents favorables, il obéit au désir de la déesse : il lui prouva sa soumission en lui sacrifiant sa propre fille Iphigénie. Satisfaite, la déesse fit souffler le vent qui poussa les bateaux vers Troie.

Tuer le mari, sa maîtresse et leurs enfants

Restée seule, Clytemnestre prit un amant, ce qui n’était pas original. Ce qui l’était un peu, c’est son choix : elle prit son beau-frère adoptif Egisthe, né du viol de Pélopia par son propre père et assassin d’Atrée, père d’Agamemnon.

Et quand, après plus de dix ans de guerre, Agamemnon revint chez lui, accompagné d’une esclave troyenne qui n’était autre que Cassandre, la fille du roi Priam, elle les assassina tous les deux, à la fois pour venger la mort d’Iphigénie et pour supprimer une rivale (qui avait eu le temps de donner à Agamemnon deux fils, qui furent égorgés eux aussi.)

Clytemnestre hésitant avant de frapper Agamemnon endormi, par Pierre-Narcisse Guérin, 1817, Musée du Louvre.

On aurait pu croire le Destin satisfait de cette succession de crimes qui accomplissait si bien la malédiction lancée par Thyeste sur Atrée. Mais non, il fallait encore un crime et non le moindre. 

Tuer sa mère

Clytemnestre avait aussi donné à Agamemnon une fille nommée Electre et un fils : Oreste. Après l’assassinat de son père, l’adolescent se réfugia chez un oncle et noua une amitié solide avec son cousin, Pylade. Devenu adulte, Oreste alla en pèlerinage à Delphes où il reçut d’Apollon le conseil de venger son père. Il se rendit en cachette à Mycène. Aidé de son inséparable Pylade et de sa soeur Electre, il assassina sa mère et l’amant de celle-ci.

En punition de ce matricide, les déesses de la vengeance se mirent à le poursuivre jour et nuit, pour le rendre fou. Apollon lui conseilla alors d’aller à Athènes subir un jugement, avec pour avocats le dieu lui-même et la déesse Athéna. Ce jugement fut traité dans deux pièces de théâtre, au Ve siècle avant notre ère :

– Dans la pièce d’Eschyle Les Euménides, le dieu Apollon défend Oreste en expliquant qu’une mère est moins importante qu’un père : « Ce n’est pas la mère qui enfante celui qu’on nomme son enfant, elle n’est que la nourrice du germe semé en elle. Celui qui enfante, c’est l’homme qui la féconde ; elle, comme une étrangère sauvegarde la pousse. »

– Dans la pièce d’Euripide Oreste, le héros utilise le même argument : « Mon père m’engendra, ma mère me mit au monde. Elle fut le sillon qui reçut la semence d’autrui ; or, sans père, il n’y aurait jamais eu d’enfant. Je pensais donc que l’auteur de mes jours avait droit à mon aide plutôt que celle dont j’avais reçu la nourriture. »

Les juges athéniens acceptèrent cet argument de la moindre importance de la mère par rapport au père et Oreste fut libéré. Il alla se purifier au temple d’Apollon à Delphes, où le dieu lui imposa un dernier acte de purification : aller en Tauride (actuelle Crimée, sur les bords de la mer Noire) voler une statue de la déesse Artémis et la ramener en Grèce.

 

Oreste tuant sa mère, par le peintre italien Bernardino Mei, 1654. Au milieu, le cadavre d’Egisthe, tué en premier. Derrière Oreste, les Erinyes, déesses de la vengeance. 

Encore un fratricide ?

Oreste et Pylade partirent donc pour cette dangereuse expédition, mais ils furent capturés. Les habitants du pays avaient l’habitude de sacrifier à Artémis tous les étrangers. Oreste et Pylade furent donc présentés à la prêtresse d’Artémis, pour qu’elle les purifie avant le sacrifice. Mais, en voyant les jeunes prisonniers, la prêtresse se souvint qu’elle-même était grecque et elle les interrogea sur leurs origines.

Vous vous souvenez qu’Agamemnon avait accepté de sacrifier sa fille Iphigénie à Artémis pour que la déesse laisse partir les bateaux grecs vers Troie. Au dernier moment, la déesse avait eu pitié de la jeune fille et l’avait enlevée, laissant à sa place, pour le sacrifice, une biche. Magiquement transportée en Tauride, Iphigénie était devenue prêtresse d’Artémis. Oreste n’était qu’un bébé quand son père partit pour Troie, mais en parlant avec l’homme qu’elle devait préparer pour le sacrifice, Iphigénie comprit qu’il était son frère. Au lieu de le tuer, elle l’aida à s’enfuir et ils emportèrent tous les deux la statue de la déesse, comme l’avait ordonné Apollon.

Ouf ! Le fratricide n’a pas eu lieu ! Et cette fois, c’est la fin de la malédiction, la fin des crimes et un vrai happy end de conte de fée : Oreste épouse sa cousine Hermione, fille de Ménélas et Hélène  (pour cela, il accomplit une dernière formalité : il tue le mari de la belle, comme Agamemnon avait tué le premier mari de Clytemnestre) et le fidèle Pylade épouse Electre, sans violence, cela semble incroyable !

Les remords d’Oreste, par William-Adolphe Bouguereau, 1862, Chrysler museum of art, Norfolk, Virginia, USA. La peinture ne représente pas  une scène réelle, mais les visions qui font souffrir mentalement Oreste : le corps de sa mère poignardée et les déesses de la Vengeance, les Erinyes aux cheveux de serpents  armées de torches.

Médée, actrice de tous les crimes familiaux

Médée était fille de roi et magicienne, comme sa tante la célèbre Circée. Elle aida le héros grec Jason à accomplir les difficiles épreuves qui lui permirent d’emporter la toison d’or (voir le thème “L’objet merveilleux protecteur”, en lien avec l’épisode 3).

Médée tue son frère

Pour protéger leur fuite, elle prit en otage son propre frère, et comme le roi son père poursuivait le bateau de Jason, elle égorgea son frère et le jeta à la mer, obligeant ainsi  son père à s’arrêter pour recueillir le corps en vue d’une sépulture. Certains auteurs racontent même qu’elle découpa le corps en morceaux, pour obliger son père à faire plusieurs haltes, morceau après morceau !

Médée fait jeter son frère à la mer, par Herbert James Draper, 1905, Bradford Museums, Galleries & Heritage (Cartwright Hall).

Médée pousse deux filles à tuer leur père

Le trône qui revenait légitimement à Jason était usurpé par Pélias. Pour permettre à Jason de régner, Médée imagina une ruse diabolique. Devant les filles du roi, elle coupa en morceaux et fit bouillir un bélier, en expliquant que par une potion magique contenue dans la marmite, le vieux bélier allait rajeunir. Et en effet, un agneau sortit de la marmite…

Certaines de rajeunir leur père, les filles de Pélias lui firent subir le même sort qu’au bélier. Vous vous doutez que le vieux roi ne ressortit pas de la marmite dans laquelle ses filles l’avaient fait cuire après l’avoir égorgé. Mais Pélias avait un fils, qui, loin de céder le trône à Jason, le chassa de la ville.

Médée tue sa rivale

Jason et Médée se réfugièrent à Corinthe, où la magicienne mit au monde deux fils. Au bout de quelques années, le héros se lassa et la répudia pour épouser la fille du roi de Corinthe.

Faisant semblant d’accepter la décision de son mari mais décidée à se venger de façon exemplaire, Médée envoya à la nouvelle épouse une magnifique robe. Bien sûr, c’était une robe empoisonnée :  elle brûla la jeune femme qui la portait et mit le feu au palais.

Médée tue ses propres enfants

Ayant perdu son épouse et son palais,  Jason n’avait pas assez souffert, aux yeux de Médée. Pour achever le malheur de son mari, elle égorgea les deux enfants qu’elle lui avait donnés, avant de s’enfuir sur un char tiré par des dragons.

Médée et ses enfants, par Eugène Delacroix, 1836, Palais des Beaux-Arts de Lille.

Les versions divergent quant à la fin de vie de Jason qui fut de toute façon triste, mais après sa mort, il fut honoré en Grèce comme protecteur des navigateurs. Les versions divergent aussi sur la fin de Médée : selon les auteurs, elle se réfugia à Athènes où elle épousa le roi Egée, ou bien retourna chez son père ou bien descendit au royaume des morts, où elle épousa le héros Achille, ou plutôt son ombre. En tout cas, personne ne parle d’une punition pour tous ses crimes !

Médée sur un sarcophage romain du IIe siècle, Altes museum, Berlin. Les groupes de personnages se lisent de gauche à droite : Jason est terrifié de voir sa jeune épouse brûlée vive par la robe empoisonnée ; Médée tire une épée du fourreau pour tuer ses deux enfants (il manque une partie du bras et de l’épée) ; Médée s’enfuit sur son char tiré par des dragons.



des récits de logique humaine ou animale ?

La situation des mâles adultes

Dans les mythes de ces deux parties du thème Violences en famille, la logique des relations entre les membres du groupe ressemble à celle qui régit les groupes animaux. Chez les animaux, les mâles adultes n’ont qu’un objectif, être le chef du groupe. Ils affrontent leurs rivaux parfois jusqu’à la mort et suppriment parfois les petits qui empêchent les femelles d’être sexuellement disponibles ou qui ont la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment.

Avec une logique plus animale qu’humaine, les héros mythiques mettent tout en oeuvre pour prendre la tête du groupe et s’y maintenir. Il est remarquable que les deux auteurs des fratricides les plus célèbres ne soient pas punis, mais au contraire valorisés par les récits : Caïn et Romulus, tous deux fondateurs de cités et pères d’une nombreuse descendance. Pouvoir perpétuer ses gènes semble justifier toutes les violences.

Religion et politique

Il nous semble paradoxal que ces héros violents recherchent l’approbation des puissances divines, mais pour la pensée mythique, les divinités sont la source de la puissance. (Il faudra du temps pour que les humains considèrent la divinité comme source de bienveillance et, encore, tout le monde ne partage pas cette conception, certains groupes continuent à prendre la divinité comme modèle de puissance utilisant toutes les violences pour s’affirmer.)

Tous ces personnages mythiques sont des chefs. À travers les récits, leurs descendants conservent le récit de leur forfaits sans rien cacher, sans rien enjoliver. Le mythe semble ne voir que la puissance, il semble dire que, à travers la force du chef, c’est le groupe tout entier qui est valorisé.

Cela interroge notre propre façon de perpétuer le souvenir de nos chefs politiques. Napoléon repose sous la coupole des Invalides à Paris et reçoit chaque année l’hommage de milliers de visiteurs. L’arc de triomphe qu’il a élevé sur la place de l’Etoile pour y graver les noms de ses victoires est devenu un symbole national.

C’est seulement au fond de quelques savant livres d’histoire qu’on trouve le récit de ses crimes, comme le massacre de Jaffa : à la prise de cette ville de Syrie, 3000 soldats ottomans qui s’étaient rendus en échange de la promesse d’avoir la vie sauve furent exécutés à la baïonnette pour économiser les cartouches, sur ordre direct de Bonaparte.

Et si Goya n’avait pas dénoncé les massacres de Madrid en 1808, il n’en resterait pas plus de traces que de ceux qui furent perpétrés ailleurs par les armées de “L’Ogre”. La mémoire collective oublie ce genre de détails, ne gardant que le souvenir de la puissance française affirmée.

El tres de Mayo (le trois mai), peinture de Goya, 1814, Musée du Prado, Madrid.
La scène est partagée en deux ; à droite, le bloc bien rangé des soldats français, à gauche, une frise de civils espagnols : au premier plan, les cadavres de ceux qui sont déjà exécutés, au milieu, les prisonniers en train de mourir et au fond ceux qui attendent leur tour.

La situation mythique des femmes et des enfants

Dans cette valorisation de la puissance, les femmes et les enfants sont utilisés par les mâles adultes au mieux de leurs intérêts. Là encore, la logique semble plus animale qu’humaine. Les héros prennent femme pour exprimer leur puissance sexuelle et pour se prolonger à travers un fils, mais se mettent ainsi en danger : la femme peut se donner à un autre ou, avec le temps, ne plus exciter leur désir. La solution est alors de supprimer l’obstacle par mise à mort ou répudiation, et de prendre une partenaire mieux adaptée aux objectifs.

Le rapport des mâles dominants avec les enfants sont un peu du même ordre. Il est important pour eux d’avoir une descendance, mais elle est tout de même instrumentalisée : les enfants peuvent être supprimés pour qu’ils ne deviennent pas des rivaux, ou bien utilisés comme instrument de puissance (Egisthe choisi par Atrée pour tuer son frère et rival Thyeste) ou bien utilisés comme instrument de négociation avec les dieux auxquels on les sacrifie.

S’ils veulent affirmer leur personnalité, les femmes et les enfants n’ont guère le choix : ils entrent dans cette logique de violence. C’est le cas de Médée : étant magicienne, elle bénéficie d’une puissance équivalente à celle des mâles et s’affirme autant qu’eux par la violence.

Le cas d’Oreste est intéressant, car, quand il va demander conseil à l’oracle de Delphes, représentant d’Apollon sur terre, celui-ci lui dit de tuer sa mère pour venger son père. Une divinité qui incite à l’assassinat…vous avez dit bizarre ? Vous n’êtes pas dans la pensée mythique !

Et aujourd’hui ?

Violence politique et puissance

En cette année 2019, il me semble que, plus jamais, les peuples d’Europe ont tendance à rechercher comme chefs des hommes (ou des femmes) qui affirment leur force, sans être trop regardant sur la morale commune ou même le simple bon sens. C’est ce qu’on appelle le populisme.

Et si des chefs passés tels Hitler ont valorisé la force de leur pays à travers des horreurs, il se trouve toujours des militants pour nier ces crimes et ne garder que la vision grandiose de la puissance.

Violences contre les femmes

Attention ! Nous ne sommes pas dans le récit mythique, nous sommes dans la réalité : 30 féminicides recensés entre le 1er janvier et le 3 mars 2019, tous des meurtres commis par un conjoint ou un ex-conjoint !  Par rapport à la majorité des habitants de notre pays, la représentation mentale qui sous-tend les rapports mâles-femelles ne semble pas avoir évolué pour certains individus, qui en sont restés à l’affirmation sans limite de leur puissance de mâle. Sauf que chez les animaux, les mâles affrontent des rivaux, aucune espèce ne tue ses propres femelles…

Fotographik33.com

Violences contre les enfants

La situation est aussi dramatique en ce qui concerne les violences envers les enfants, mais il me semblerait indécent de détailler les infanticides qui ont marqué l’actualité de ces dernières années. En explorant les récits du thème “Maternités et paternités merveilleuses”, nous cernerons d’un peu plus près la représentation mythique de l’enfant.

En attendant, peut-être trouverons-nous une petite lueur d’espoir en explorant les violences familiales dans les contes.

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