Les contes

Les contes ne sont pas, comme on le croit parfois, des mythes dégénérés. Ils sont une autre forme narrative, probablement aussi ancienne que les mythes, mais ils ont été moins bien recueillis par les scribes antiques que les mythes, puisqu’ils n’avaient pas de fonction religieuse.

Pendant des millénaires, ils se sont transmis de bouche à oreille, dans toutes les couches de la société et ils ont voyagé en même temps que les humains.

Au fur et à mesure que se développait la culture écrite, les contes ont été abandonnés par les élites, mais ont continué à vivre dans les couches les plus modestes de la société. C’est ainsi que des écrivains comme Charles Perrault en France ou les frères Grimm en Allemagne ont pu s’en inspirer plus ou moins fidèlement pour leurs recueils.

Aux XIXe et XXe siècles, des contes de tradition purement orale ont été recueillis avec la plus grande fidélité, mais ces collectes ne sont connues que par les spécialistes du conte ou des langues régionales dans lesquelles ils étaient racontés.

Grâce à des écrivains comme Perrault, Grimm et d’autres, les contes ont pu continuer à vivre dans tous les milieux sociaux, mais uniquement pour un public enfantin, alors qu’à l’origine, ils étaient destinés à tous, jeunes et vieux.

A quoi servaient les contes ?

Les contes cherchaient (et cherchent encore, puisqu’ils ne sont pas morts !) à résoudre des problèmes concrets de la vie quotidienne : ils mettent en scène les soucis d’un pauvre bûcheron chargé d’enfants ou ceux d’une gentille jeune fille persécutée par sa marâtre…La pensée magique qui était celle des créateurs des contes voit, comme les mythes, le monde et les humains à travers des dualités, mais plus concrètes que les dualités des mythes : riche ou pauvre, gentil ou méchant, beau ou laid… 

Les contes résolvent les contradictions d’une manière différente de celle utilisée par les mythes : les mythes utilisent la force, en tant que manifestation de la puissance divine, les contes utilisent la magie, en tant que manifestation des forces cachées de la nature, qui viennent en aide au héros.

Pourquoi lire des contes (et des mythes) ?

Vous pouvez penser que ces formes littéraires sont démodées mais ma conviction intime est qu’ils sont indispensables. Étant nés à une époque où le seul mode de transmission était le bouche à oreille, mythes et contes sont structurés pour être (relativement !) faciles à mémoriser et sont donc excellents pour les neurones. 

En plus d’installer (dans le jeune âge) puis de maintenir en bon état de marche (dans un âge plus avancé) les structures de la mémoire, les mythes et les contes peuvent nous aider à nous libérer de nos émotions et de nos pulsions. Projeter les passions humaines sur les dieux et les héros donne forme aux pulsions les plus condamnables comme aux actes d’amour les plus sublimes. Ils nous aident à sublimer nos propres élans de violence ou d’amour.

Comme ils ont une fin généralement positive, les contes ont une forte valeur ajoutée de consolation : les héros de contes étant des champions de la résilience, ils ne sont pas réservés aux enfants, il est au contraire recommandé de les fréquenter toute sa vie !

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