Les rituels : la prière

Par la prière, les héros mythiques peuvent obtenir l’aide des dieux pour réussir les épreuves auxquelles ils sont confrontés. Mais les dieux sont tout puissants : ils ne sont pas obligés d’accepter les prières qui leur sont adressées.

mythologie grecque

L’importance des prières

Un passage de l’Iliade montre l’importance que les Grecs accordaient à la prière : dans le chant 9, le vieux Phénix vient supplier son élève Achille de retourner au combat, pour sauver les Grecs massacrés par Hector. 

Comme Achille repousse son précepteur, celui-ci lui rappelle que, même quand elles sont adressées à un humain, les prières sont de nature divine ; elles portent chance à celui qui les accueille et portent malheur à celui qui les méprise :

“Les prières sont filles du grand Zeus : boiteuses, le front ridé, levant à peine un humble regard, elles marchent avec inquiétude sur les pas de l’injure. L’injure est forte et rapide : elle les devance, et, parcourant toute la terre, elle insulte les hommes ; mais les prières viennent ensuite guérir les malheurs qu’elle a provoqués. 

Celui qui accueille avec respect ces filles de Zeus lorsqu’elles s’approchent, en reçoit un puissant secours, et elles exaucent ses vœux ; mais s’il les repousse d’un cœur inflexible, elles montent vers le fils de Cronos, et l’implorent pour que l’injure s’attache aux pas de cet homme, et les venge en le punissant. Achille, accorde toi aussi à ces filles de Zeus le respect qui leur est dû.” 

Une interprétation moderne de la puissance divine qu’il faut craindre et respecter à travers les prières : le Zeus du parc Astérix !

La prière de louange

Les peuples de l’Antiquité considéraient que les hommes sont au service des dieux, individuellement et collectivement. Musique et poésie avaient pour premier rôle de vanter la puissance des dieux et demander leur protection. Voici de très courts extraits d’une forme poétique particulière, qu’on appelle des hymnes, et qui est attestée à l’écrit depuis l’époque d’Homère. Ces chants poétiques ont pour fonction de louer les dieux auxquels ils sont consacrés. 

Hymne à Zeus

“Salut, puissant fils de Saturne, toi qui distribues les biens et le bonheur ! Où est-il celui qui pourra chanter tes ouvrages ? il ne fut, il ne sera jamais. Eh ! qui pourrait chanter les ouvrages de Jupiter ? Salut, salut fils de Cronos, Zeus très haut qui donne tout bien, toute prospérité. (…) Ô Père, donne-nous vertu et richesse. Fortune sans vertu ne saurait mettre l’homme en haut point, ni vertu sans richesse. Donne-nous la vertu et donne-nous la fortune.

Hymne à Apollon

Silence. Ecoutez les louanges d’Apollon. La mer même se tait, lorsqu’on chante les armes du dieu, les flèches et la lyre. (…)

Si vos chants plaisent au Lumineux, il vous comblera de gloire ; il le peut, car il s’assied à la droite de Zeus. Mais un seul  jour ne suffit pas pour chanter Apollon ; son domaine d’action est si vaste. Eh ! qui peut cesser de chanter Apollon !”

 

Hymne à Déméter, déesse des moissons

“Salut, ô déesse ! conserve cette ville dans la concorde et dans l’abondance. Fais tout mûrir dans nos champs. Engraisse nos troupeaux, fertilise nos vergers, grossis nos épis, féconde nos moissons. Fais surtout régner la paix, afin que la main qui sème puisse aussi cueillir.

Sois ma protectrice, ô divinité trois fois adorable, puissante reine des déesses !” 

Prière avec offrande de blé à Déméter, céramique italienne, IVe siècle avant notre ère, Musée des Antiquités de Berlin. La déesse fait un geste de bénédiction.

La prière de supplication

Pour présenter une demande à un dieu, il faut respecter un protocole. Le premier chant de L’Iliade contient une série de prières, adressées soit à un humain, soit à une divinité, ce qui nous permettra de comprendre comment se déroule ce rituel. 

 

Prière au roi Agamemnon pour la libération d’une prisonnière

Quand commence le récit de la guerre de Troie, les Grecs ravagent la région ennemie depuis 10 ans déjà. Troie est encore intacte, mais les villes alliées ont été détruites. 

Après l’attaque des  cités voisines, les chefs grecs se sont partagé les plus belles prisonnières. Agamemnon est devenu le maître de Chryséis et Achille a obtenu Briséis. 

Mais Chryséis est la fille de Chrysès,  grand prêtre d’Apollon. Paré de ses attributs religieux qui lui assurent l’immunité, celui-ci vient se mettre à genoux devant Agamemnon, en le suppliant de lui rendre sa fille, en échange d’une somptueuse rançon. 

Chrysès suppliant Agamemnon, mosaïque du IVe siècle, Maison des Nymphes, Néapolis (Nabeul) Tunisie. Photo Habib M’henni/Wikicommons.  

Prière à Apollon pour demander vengeance

Agamemnon refuse la rançon avec insolence. Le vieux prêtre s’éloigne donc en pleurant, mais fait tout de suite une prière à son dieu :

“- Écoute ma prière, dieu à l’arc d’argent, toi qui protèges Chrysé et la divine Cilla, qui entoures de ta puissance Sminthe et Ténédos ; si j’ai paré ton temple d’agréables ornements, si j’ai brûlé pour toi la graisse des chèvres et des taureaux, exauce aujourd’hui mes vœux : frappe les Grecs de tes flèches, pour leur faire payer mes larmes. 

Telle fut sa prière ; Apollon l’entendit. Aussitôt, le cœur enflammé de colère, il s’élance des sommets de l’Olympe, portant sur son dos l’arc et le riche carquois.” 

(Les flèches lancées par le dieu répandent la peste dans l’armée des Grecs.)

Prêtre en train de célébrer sur un autel, vase grec, vers 420 avant notre ère, Musée du Louvre. 

Prière à Apollon pour arrêter la vengeance

(Voyant mourir ses soldats en grand nombre, Agamemnon accepte de libérer la fille du prêtre, mais prend la prisonnière d’Achille à sa place. Après avoir récupéré sa fille, Chrysès accepte de célébrer un sacrifice offert par les Grecs pour apaiser le dieu.)

“Ils lavent leurs mains et apportent l’orge sacrée. Alors Chrysès prie à haute voix pour les Grecs, en élevant ses mains vers le ciel :

– Écoute ma prière, dieu qui portes un arc d’argent, toi qui protèges Chrysé et la divine Cilla ; qui, dans ta puissance, règnes sur Ténédos.  Puisque déjà, pour me venger, en exauçant ma prière tu as frappé de malheurs le peuple des Grecs, accomplis encore aujourd’hui mes vœux, et épargne-leur une ruine complète.

Telle fut sa prière ; Apollon l’exauça. Après qu’ils ont prié et qu’ils ont répandu l’orge sacrée, les guerriers dressent la tête de la victime, l’égorgent, et la dépouillent ; ils coupent les cuisses, les enveloppent de graisse, et deux fois les recouvrent de lambeaux sanglants. Le vieillard allume le bois sec, y verse un vin pourpre.”

Jeunes gens menant une vache au sacrifice, fragment de la frise du Parthénon à Athènes. British Museum, Londres.

Prière pour une autre vengeance

(Furieux d’être humilié et d’avoir perdu la belle Briséis, Achille va s’asseoir au bord de la mer en pleurant et tend les mains pour implorer sa mère la déesse marine Thétis. Elle l’entend et sort des flots pour venir le consoler. En réponse à la prière du héros, elle lui promet de demander vengeance à Zeus, le roi des dieux. Elle s’envole donc sur l’Olympe, la montagne grecque où vivent les dieux.) 

La déesse Thétis console son fils Achille, illustration du texte de l’Iliade sur le site de Philippe Remacle. 

“Elle trouve le formidable fils de Cronos assis, loin des autres divinités, sur le sommet le plus élevé de l’Olympe. Thétis s’assied près de lui ; de la main gauche elle presse les genoux, et de la droite, elle prend le menton du grand Zeus, en le suppliant :

– Puissant Zeus, si parmi les immortels  je t’ai servi, par mes paroles et par mes actions, exauce mes vœux : venge mon fils, qui, parmi tant de guerriers, doit avoir la plus courte destinée. Maintenant Agamemnon le méprise et lui a pris son butin. Mais toi, roi de l’Olympe, prudent Zeus, honore mon fils ; accorde la victoire aux Troyens jusqu’au jour où les Grecs le combleront et d’hommages et de gloire.  

Mais Zeus ne répondait pas ; il gardait un profond silence. Thétis alors saisit les genoux du dieu, y reste attachée, et de nouveau l’implore.” 

Zeus et Thétis, par Ingres, 1811, Musée Granet, Aix-en-Provence. À gauche, dans le ciel, on aperçoit le visage de Héra, qui espionne son mari Zeus. Elle va se disputer avec lui car elle protège les Grecs et veut la destruction de Troie. Des nombreuses représentations de cette scène, celle-ci est la plus célèbre, à cause de la posture quasi géométrique de Thétis.

(Touché par les supplications de la belle déesse, Zeus lui accorde ce qu’elle demande, c’est à dire la défaite des Grecs tant qu’ils n’auront pas restitué Briséis à Achille. Comme je le raconte dans l’article sur la guerre dans la mythologie grecque, ce n’est pas la restitution de Briséis qui convaincra Achille de retourner au combat, mais le désir de venger la mort de son ami Patrocle.)

Comment prier pour demander quelque chose

Jeune garçon priant, statue en bronze trouvée dans l’île grecque de Rhodes, IIIe siècle avant notre ère. Musée de Berlin. Photo RMN.

Un échange donnant donnant

Des mots choisis

À travers les quelques extraits ci-dessus, on voit que la prière commence toujours par un hommage au dieu, dont il faut louer la puissance, en énumérant les villes qui sont sous sa protection et en lui donnant une épithète flatteuse, telle que  “Puissant”, “Auguste”, Secourable”… 

Ensuite, celui qui prie rappelle sa grande piété (qu’il a manifesté par de nombreuses offrandes dans le passé ou par des sacrifices qu’il promet tout en priant) et dit qu’en retour, il espère que sa demande sera acceptée. 

Des postures adaptées

Vis à vis d’un dieu, le solliciteur tend les bras vers le ciel, car c’est là-haut que résident les dieux. Vis à vis d’un humain, le solliciteur s’humilie, se fait tout petit en se mettant à genoux. 

Le roi Priam suppliant Achille de lui rendre le corps de son fils Hector, sarcophage romain, deuxième siècle. Musée national, Beyrouth, Liban. Photo A. Melville.  

Des gestes complémentaires

Avant la prière proprement dite, les croyants se purifient avec de l’eau, sauf bien sûr s’il s’agit d’une prière improvisée pendant le combat.

Souvent les prières s’accompagnent d’une offrande plus modeste qu’un sacrifice complet : on verse un peu de vin (libation) ou des céréales.

Jeune fille offrant une libation, statuette grecque en terre cuite, vers 200, trouvée à Mysie, actuelle Turquie. Musée du Louvre. 

Prière refusée ou acceptée 

Les dieux choisissent d’exaucer la prière ou de la repousser. Ils ne sont pas tenus de justifier leur choix, puisqu’ils sont tout-puissants !

Voici comment Athéna, suppliée en des termes identiques par des Troyennes et par une Grecque, exerce son libre choix :

La prière refusée des Troyennes

Au chant 6 de L’Iliade, la reine de Troie et les femmes les plus honorables de la ville vont offrir un magnifique voile brodé à la statue d’Athéna, dans son temple, pour l’implorer de protéger la ville et non les guerriers grecs. La prêtresse de la déesse s’appelle Théano.

“Toutes aussitôt élèvent, en gémissant, leurs mains vers la déesse. La belle Théano prend le voile, le place sur les genoux de la blonde Athéna, et, suppliante, elle implore en ces mots la fille du grand Zeus :

– O secourable Athéna, protectrice de Troie, la plus auguste des déesses, brise la lance de Diomède, et que lui-même tombe, le front dans la poussière, devant les portes Scées. Nous immolerons dans ton temple douze génisses d’un an qui n’ont pas encore porté le joug, si tu prends pitié de notre ville, des épouses troyennes et de leurs tendres enfants. 

Elle priait ainsi ; mais Athéna refusa de l’exaucer.” 

La remise du manteau d’Athéna à l’archonte, frise des Panathénées, temple du Parthénon à Athènes. Le rituel de l’offrande de vêtements aux dieux était fréquent dans l’Antiquité. Il s’est longtemps poursuivi dans le monde chrétien, avec l’offrande de manteaux ou de voiles à une statue de la Vierge Marie.

La prière acceptée de Pénélope

Au chant 4 de l’Odyssée, l’épouse d’Ulysse accomplit elle aussi un rite de prière devant Athéna :

“Après s’être lavée, après avoir pris ses vêtements purifiés, elle monte avec ses servantes dans les appartements supérieurs ; là, déposant l’orge sacrée dans une corbeille, elle implore Athéna en ces mots :

– Ecoute-moi, fille du puissant Zeus, déesse indomptable. Si jamais dans sa maison le prudent Ulysse fit brûler la graisse des brebis et des taureaux, rappelle-t-en aujourd’hui, et sauve mon fils chéri ; mais repousse avec horreur les prétendants insolents. 

En achevant ce discours, elle pousse un cri religieux ; la déesse entendit sa prière.”

 

Sacrifice à Athéna, céramique antique.

Que peut-on demander aux dieux ?



On peut tout demander aux dieux, puisqu’ils sont tout puissants ! 

Pour vous en convaincre, vous trouverez dans l’article “Les changements d’identité” le cas de Pygmalion, qui, par une fervente prière à Aphrodite obtint qu’une statue devienne vivante, et le cas de Iphis, qui, par une prière de sa mère à Isis, cessa d’être une fille pour devenir un garçon.

Pygmalion, par Bronzino, vers 1530, Galerie des Offices à Florence. Photo Jean-Louis Mazières/Flickr.

Prière pour la paix

Beaucoup de prières contenues dans les récits mythologiques (Iliade, Odyssée, Enéide…) sont formulées par des guerriers pour obtenir la victoire. Vous en trouverez des exemples dans le thème La Guerre.

Exceptionnellement, au chant 3 de l’Iliade, on trouve une prière pour demander aux dieux la paix !

Ménélas, le roi grec, se prépare à affronter seul le troyen Pâris, devant les murs de Troie : le vainqueur du duel donnera la victoire à son camp. Le temps d’une trêve, un sacrifice commun réunit les deux peuples, en présence des deux chefs, Priam roi des Troyens et Agamemnon roi des Grecs :

“Puis, les deux peuples, les mains élevées vers le ciel, prient ainsi :

– Zeus, notre père, toi qui règnes sur l’Ida, dieu glorieux et puissant, fais que celui qui provoqua la guerre entre les deux peuples descende aujourd’hui dans le royaume du dieu de la Mort, pour que la paix et l’alliance se rétablissent entre nous.”

Allégorie de la Paix, par Jacques Dumont, 1749, Musée du Louvre. La Paix est incarnée par une belle femme portant une couronne de laurier symbole de la victoire. D’une main, elle renverse une torche symbole de la violence et de l’autre main, elle présente un rameau d’olivier symbole de paix et de fertilité.
Ces symboles remontent à l’Antiquité.

Prière de Ménélas pour tuer Pâris

Le duel commence :

“(…) Pâris, le premier, envoie son long javelot qui frappe le large bouclier de Ménélas, sans briser le bronze ; la pointe se recourbe sur le dur bouclier. Ensuite Ménélas lève son javelot, en invoquant le grand Zeus :

– Père des dieux, donne-moi de punir un injuste agresseur, le sacrilège Pâris ; qu’il tombe sous mes coups, et qu’à l’avenir tout homme tremble d’outrager l’hôte qui le reçut avec amitié !

Il lance son immense javelot et frappe le bouclier arrondi du fils de Priam. 

Puis il lève le bras et son épée étincelante atteint le rebord du casque ; mais la lame, brisée en mille éclats, s’échappe de sa main. Il gémit, et levant les yeux vers le ciel :

– O Zeus ! s’écrie-t-il, le plus impitoyable des dieux ! j’espérais enfin me venger de l’exécrable Pâris, et mon épée se brise dans mes mains, et ma lance inutile n’a pu le frapper !”

Ivre de rage, Ménélas saisit la bride du casque de son adversaire et l’entraîne en le tirant violemment. La déesse Aphrodite sauve son protégé Pâris en cassant la bride du casque et en emportant magiquement le jeune homme à l’abri des remparts de Troie. 

L’espoir de paix reposait sur l’issue du duel : comme il n’a pas eu lieu, la guerre reprend.

 

Aphrodite enlève Pâris pour lui épargner le duel avec Ménélas, illustration du site de Philippe Remacle. 

Prière à Apollon pour une guérison

Au chant 16 de L’Iliade. le Troyen Sarpédon est tué par Patrocle. Son ami Glaucos voudrait protéger son corps, mais il est blessé. 

“Il implore en ces mots Apollon, qui lance au loin ses flèches :

– Exauce-moi, dieu puissant ; que tu sois dans les champs féconds de la Lycie ou dans la ville de Troie, de partout tu peux entendre l’homme infortuné qui, comme moi, est accablé de douleurs. J’ai une blessure cruelle ; ma main est déchirée par de vives souffrances, et mon sang ne peut s’arrêter de couler ; mon épaule est accablée par cette blessure ; je ne peux  tenir ma lance avec fermeté, ni combattre en attaquant nos ennemis. Pourtant un brave a péri, Sarpédon, fils de Zeus : ce dieu n’a pas protégé son fils ; mais toi, divinité puissante, guéris ma violente blessure, calme mes douleurs, rends-moi la force, afin que j’entraîne mes compagnons au combat et que je protège ce corps inanimé. 

Telle fut sa prière : le brillant Apollon l’exauce. Aussitôt, il apaise les douleurs, arrête le sang noir, qui coulait de la profonde blessure, et répand la force dans l’âme du guerrier. Glaucos, plein de joie, reconnaît dans son cœur qu’un dieu puissant a écouté la voix de celui qui l’implorait. Aussitôt, parcourant la plaine en tous sens, il excite les héros lyciens à combattre.”

Glaucos défendant le corps de son ami Sarpédon, céramique antique, vers 400 ans avant notre ère. Musée archéologique de Policoro.

prier sur la montagne :

S’élever physiquement pour s’élever spirituellement

Le texte de l’Odyssée, cité plus haut et qui nous montre Pénélope se préparant à prier, nous dit : “elle monte dans les appartements supérieurs” et se purifie avant de présenter une offrande d’orge.

Il est un lieu naturel qui permet de monter (donc de se rapprocher du ciel) et d’être dans un environnement pur, c’est la montagne. Toutes les mythologies sacralisent les montagnes et les présentent comme habitées par des êtres surnaturels. Dans le monde grec, le mont Olympe et le mont Ida étaient censés abriter les palais des dieux.

Deux des récits mythologiques les plus célèbres de l’Occident racontent deux prières dans la montagne qui, malgré les excellentes intentions des héros, vont avoir des conséquences désastreuses. 

Il s’agit de la prière d’Ulysse au sommet d’une île et de la prière de Moïse sur le mont Horeb, appelé aussi mont Sinaï. Je les cite en parallèle: 

L’île d’Ithaque, dont Ulysse était le roi, aujourd’hui témoin du christianisme. 

Le Sinaï aujourd’hui lieu touristique.

La prière d’Ulysse 

Au chant 12 de L’Odyssée, Ulysse raconte comment ses compagnons et lui ont amarré leur bateau sur l’île du Trident. Ils y sont depuis un mois car le manque de vent les empêche de repartir. Les vivres contenus dans le bateau sont finis. Pour survivre, les Grecs chassent et pêchent. 

Sur l’île, vivent des vaches sacrées qui appartiennent au dieu Soleil. Le pieu Ulysse a formellement interdit à ses compagnons de toucher à ces animaux, qui leur paraissent pourtant gras et appétissants. Afin de sortir de l’impasse, Ulysse s’éloigne pour chercher conseil auprès des dieux :

“Or, un jour pour prier, j’avais quitté le rivage, avec l’espoir qu’un dieu viendrait me révéler le chemin du retour. J’étais monté dans l’île et, sans plus voir mes compagnons, je m’étais, à l’abri du vent, lavé les mains, pour invoquer chacun des maîtres de l’Olympe. Voici que l’un des dieux me versa, sur les yeux, le plus doux des sommeils.”

(En l’absence d’Ulysse, ses compagnons affamés tuent plusieurs vaches sacrées et les font rôtir au feu. Puis Ulysse se réveille.)

“Le doux sommeil s’envole alors de mes paupières. Je reprends le chemin du bateau, du rivage, et j’allais arriver, quand la bonne odeur de la graisse m’entoure.

Je fonds en pleurs. Je crie vers les dieux immortels :

   — Zeus le père et vous tous, éternels Bienheureux ! vous m’avez donc maudit, quand vous m’avez couché en ce sommeil perfide !… voilà de quel forfait mes compagnons rêvaient en mon absence !”

Ulysse injurie ses compagnons et ne touche pas à la viande. 

Le dieu Soleil vient demander vengeance à l’assemblée des dieux, menaçant de descendre sous terre briller pour les morts s’il n’obtient pas la punition des coupables !

En réponse à cette requête, les dieux envoient d’abord un vent favorable qui permet aux Grecs de repartir, puis une terrible tempête qui disloque le bateau. Tandis que tous les coupables se noient, Ulysse parvient à s’accrocher à un morceau de bois. Il n’est pas encore au bout de ses épreuves, mais finira par rentrer chez lui sain et sauf.

Les compagnons d’Ulysse attaquent les vaches du Soleil, par Pellegrino Tibaldi, décor du palais Poggi à Bologne, XVIe siècle

La prière de Moïse

Livre de l’Exode, chapitre 4, versets 12 et 13 :

“ L’Éternel dit à Moïse : Monte vers moi sur la montagne, et reste là; je te donnerai des tables de pierre, la loi et les ordonnances que j’ai écrites pour leur instruction.

Moïse se leva, avec Josué qui le servait, et Moïse monta sur la montagne de Dieu.”

(Moïse va rester en conversation avec son dieu sur la montagne pendant 40 jours. Dans le campement, au pied de la montagne, le peuple hébreux s’impatiente. Il demande au grand prêtre Aaron de fabriquer un veau d’or fondu à partir de leurs bijoux et se mettent à adorer la statuette avec des chants, des danses et des sacrifices. Quand Moïse redescend de la montagne, il est désespéré de ce sacrilège.) 

Chapitre 32, verset 20 :

“Et, comme il approchait du camp, il vit le veau et les danses. La colère de Moïse s’enflamma ; il jeta de ses mains les tables de la Loi, et les brisa au pied de la montagne.

Il prit le veau qu’ils avaient fait, et le brûla au feu; il le réduisit en poudre, répandit cette poudre à la surface de l’eau, et fit boire les enfants d’Israël. (…)

Moïse se plaça à la porte du camp, et dit: A moi ceux qui sont pour l’Éternel! Et tous les membres de la tribu de Lévi s’assemblèrent auprès de lui.

Il leur dit: Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël: Que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et parcourez le camp d’une porte à l’autre, et que chacun tue son frère, son parent.

Les enfants de Lévi firent ce qu’ordonnait Moïse ; et environ trois mille hommes parmi le peuple périrent en cette journée.

Moïse leur dit : Consacrez-vous aujourd’hui à l’Éternel, par le sacrifice de votre fils et de votre frère, afin qu’Il vous accorde aujourd’hui une bénédiction.” 

(Après avoir supprimé les hommes impies, Moïse remonte sur la montagne pour recevoir d’autres tables de la Loi, loi encore célèbre pour cette phrase : Tu ne tueras pas.)



Moïse brisant les tables de la Loi devant le veau d’or, par Domenico Beccafumi, 1537, cathédrale de Pise.  

Je rappelle que la guerre de Troie menée par les Grecs et la conquête de la Terre Promise par les Hébreux sont contemporaines. La réalité historique de ces conflits remonte au XIIe siècle avant notre ère, et les récits épiques qui en sont nés ont commencé à être mis par écrit au VIIe siècle avant notre ère. 

Les deux récits renvoient au même contexte de l’Âge du Bronze, notamment à l’importance financière et symbolique des bovins. Tous deux valorisent le héros pieux qui, malgré les tentations, reste soumis aux prescriptions sacrées, et condamnent à mort les hommes qui trahissent les dieux pour satisfaire des désirs grossiers. 

La première prière chrétienne née sur une montagne

Puisque nous parlons de prières et de montagnes, je vais faire une incursion rapide dans le monde chrétien, avec la plus célèbre prière sur la montagne, celle que Jésus a donné comme modèle à ses disciples. 

Pour faire face à la nombreuse foule qui le suit, Jésus monte sur une hauteur, près du lac de Tibériade. Son discours, qui résume sa doctrine, est connu comme “le sermon sur la montagne”. En voici un court passage, extrait de l’Evangile de Matthieu, chapitre 6 verset 6 et suivants :

 

“Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, c’est là leur seule récompense.

Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.

Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

Voici donc comment vous devez prier : 

Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ;

que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien;

pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés;

ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal. Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!”

Le sermon sur la montagne, par Fra Angelico (Guido di Pietro), XIVe siècle. Florence. Cellule des moines du couvent de San Marco. Photo Jean-Louis Mazières.

Monde hébreux

Parmi les rédacteurs des récits antiques, les prêtres du peuple Hébreux avaient la particularité  de considérer que seul leur dieu était un vrai dieu, les dieux des autres peuples n’étant que des “idoles”. Pour leur dieu, ils célébraient les mêmes rituels religieux que les prêtres des autres peuples : purification par l’eau, sacrifice d’animaux et prière mains levées. 

Les récits bibliques se construisent par le recours permanent à la prière, pour demander au dieu de provoquer des malheurs ou des bienfaits. Parmi les plus célèbres de ces récits, voici quelques exemples de  prières.

La prière de Moïse soutenu par Aaron et Hour, par J. E. Millais, 1871, Galerie d’art de Manchester.

La prière de Moïse donne la victoire

Le livre de l’Exode chapitre 17, versets 8-13 nous racontent la lente avancée du peuple hébreux sorti d’Egypte vers le pays de Canaan :

“Le peuple d’Israël marchait à travers le désert.

Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : 

– Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. 

Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait ses mains levées, Israël était le plus fort. Quand il les laissait retomber, les Amalécites étaient les plus forts. 

Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée.”

Josué combat les Amalécites, par René-Antoine Houasse, XVIIe siècle. Musée des Beaux-Arts de Brest. Sur la colline, Moïse prie, soutenu par ses aides.

Le cantique de Déborah célèbre la victoire

Alors que le peuple hébreux livrait bataille contre un roi local bien plus puissant et équipé de nombreux chars, une violente pluie fit s’enliser les chars et permit aux Hébreux de vaincre. Après cette victoire, la prophétesse et juge Déborah improvise un chant de louange à son dieu. Ce cantique est l’équivalent des hymnes grecs qui rendent hommage aux dieux en rappelant leurs grandes actions.

 

Déborah chante les louanges du dieu après la victoire, gravure de Gustave Doré, XIXe siècle.

“Écoutez-moi, ô rois ! Prêtez l’oreille, ô princes !

Je veux chanter pour l’Eternel,

je veux jouer de la musique en l’honneur du Dieu d’Israël.

O Eternel, lorsque tu sortis de Séir,

lorsque tu t’avanças depuis les champs d’Edom,

la terre se mit à trembler et le ciel se fondit en eau :

les nuages firent tomber une pluie abondante.

Devant toi, Eternel, les montagnes ont vacillé, devant le Dieu du Sinaï…”

David prie en dansant 

Le deuxième Livre de Samuel, chapitre 6, verset 12-23, raconte la joie du peuple hébreux quand il ramène à Jérusalem l’Arche, le coffre sacré qui contient les tables de la Loi, repris aux Philistins. Le roi David s’est habillé d’un éphod, c’est à dire une tunique courte portée par les prêtres et il exprime sa joie en dansant devant l’Arche. Mais son tournoiement découvre sa nudité, ce qui choque son épouse Mikal, fille du roi précédent Saül. 

“David tournoyait de toutes ses forces devant l’Eternel. David était vêtu d’un éphod de lin. David et toute la maison d’Israël faisaient monter l’arche du Seigneur parmi les acclamations  et au son du cor.

Or quand l’arche du Seigneur entra dans la cité de David, Mikal, fille de Saül, se pencha à la fenêtre : elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant le Seigneur et elle le méprisa dans son cœur. 

Mikal méprise David, par James Tissot, vers 1900.

(Quand il entre dans sa maison, elle lui reproche de s’être donné en spectacle devant les servantes.)

David répondit à Mikal : – Le Seigneur m’a choisi et préféré à ton père et à toute sa maison comme chef de son peuple Israël, c’est devant le Seigneur que je m’ébattrai. Je m’abaisserai encore plus et je m’humilierai à mes propres yeux, mais, près des servantes dont tu parles, auprès d’elles, je serai honoré.  

Et Mikal, fille de Saül et épouse de David, n’eut pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort.”

David danse devant l’Arche, illustration du site Die leive-bibel. Les représentations anciennes de cette scène sont toutes beaucoup plus calmes et contrairement au texte montrent David vêtu d’une tunique longue. 

Le site catholique canadien interbible.org commente ainsi ce passage, dans un article intitulé “La danse érotique de David” : 

“  Dans le judaïsme, la danse n’est pas mal vue. L’hommage à Dieu peut prendre la forme de l’expression corporelle. On s’accorde à trouver là l’origine du balancement des juifs, au moment de la prière. (…) Nous pouvons retenir de ce récit que la prière peut être corporelle et joyeuse. (…) Dans sa prière dansée, David était authentiquement plein de joie et il ne s’arrêtait pas à ce que les autres pouvaient penser de lui.”

Les commentateurs relèvent aussi le fait que la stérilité de Mikal peut être interprétée comme une punition divine. Par suite de cette stérilité, la dynastie fondée par le  précédent roi, Saül père de Mikal, s’arrête. La véritable filiation royale sera celle de David et d’une autre épouse. 

Pour les Chrétiens, Marie mère de Jésus, était descendante de David et Jésus se voit donc appelé “fils de David”.

La prière de supplication d’Esdras

Dans le livre qui porte son nom, le prêtre et scribe Esdras raconte comment il a ramené à Jérusalem des milliers de Juifs captifs à Babylone, depuis qu’un roi mésopotamien les y avait déportés. Mais, à son retour, il est désespéré d’apprendre que beaucoup de Juifs restés en Israël ont épousé des femmes des peuples voisins et adopté leurs coutumes religieuses.

(Chapitre 9, versets 4 et suivants)

“Lorsque j’entendis cela, je déchirai mes vêtements et mon manteau, je m’arrachai les cheveux de la tête et les poils de la barbe, et je m’assis, désolé. (…) et je restai assis et désolé, jusqu’à l’offrande du soir.

Puis, au moment de l’offrande du soir, je me levai du sein de mon humiliation, avec mes vêtements et mon manteau déchirés, je tombai à genoux, j’étendis les mains vers l’Éternel, mon Dieu, et je dis : – Mon Dieu, je suis dans la confusion, et j’ai honte, ô mon Dieu, de lever ma face vers toi; car nos iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes, et nos fautes ont atteint jusqu’aux cieux. (…)

Pendant qu’Esdras, pleurant et prosterné devant la maison de Dieu, faisait cette prière et cette confession, une foule très nombreuse d’hommes, de femmes et d’enfants s’était rassemblée auprès de lui et répandait d’abondantes larmes.”

Ce passage est l’exact opposé de l’exaltation joyeuse de David : au lieu de s’épanouir dans la danse,  le corps de celui qui prie est mutilé, humilié par la prosternation et le vêtement déchiré. 

Tant de dépense émotionnelle et physique ne reste pas sans effet : pour redevenir dignes de leur dieu, les Juifs renvoient leurs épouses étrangères et les enfants qu’ils en ont eus.



La prière d’Esdras, gravure de Gustave Doré, XIXe siècle.

Daniel dans la fosse aux lions

Le chapitre 6 du livre de Daniel raconte comment ce prophète captif du roi de Babylone a été injustement jeté en pâture aux lions, dans une fosse recouverte d’une grosse pierre scellée par le sceau royal. Le lendemain : 

“Daniel fut retiré de la fosse, et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait eu confiance en son Dieu. Le roi ordonna que les hommes qui avaient accusé Daniel fussent amenés et jetés dans la fosse aux lions, eux, leurs enfants et leurs femmes ; et avant qu’ils fussent parvenus au fond de la fosse, les lions les saisirent et brisèrent tous leur os.” 

Le texte ne précise pas en quels termes ni en quelle posture Daniel a demandé l’aide de son dieu. Cet épisode qui prouve l’efficacité de la prière est l’un des plus représentés au Moyen Age, sur tous les supports possibles : chapiteaux, manuscrits, objets… comme vous pourrez en juger en tapant “Daniel dans la fosse aux lions” sur Google Images. 

Dans tous les cas, la posture est celle de la tradition antique : debout, les mains levées.

Au cours des siècles suivants, le sujet n’est plus représenté qu’en peinture et la posture de Daniel se diversifie .

Daniel dans la fosse aux lions, boîte en ivoire, Egypte VIe siècle, British Museum.

Daniel dans la fosse aux lions, Plaque de ceinturon en cuivre, XVe siècle, Musée Carnavalet, Paris. 

Daniel dans la fosse aux lions, par Rubens, 1616, National gallery of Art, Washington. 

Une première mondialisation

Depuis la nuit des temps et sur tous les continents, la prière témoigne de l’unité du genre humain dans la recherche d’autres réalités que celles de la matière, comme nous le montre ci-dessous une petite sélection d’images. 

Vous en trouverez d’autres exemples sur Google Images, à l’entrée “orant”. Ce mot est employé en histoire de l’art pour désigner les personnages en train de prier.

Prière debout

Orant mains jointes, statuette en albâtre, Suze (actuel Iran) IIIe millénaire avant notre ère, Musée du Louvre.

Orant porteur d’un chevreau, statuette en or trouvée à Suze, actuel Iran. Vers 1500 avant J. C. Musée du Louvre.
Photo Claude Valette/Flickr.

Le prêtre Renpetmaa prie le dieu Rê-Horakhty. Egypte. Bois enduit et peint, vers 900 av. J.-C. Musée du Louvre.

Figurine d’un homme en prière, terre cuite, vers 150 de notre ère, Teotihuacán, Mexique. Musée de l’université de Princeton.

L’évêque Apollinaire en prière. Mosaïque de l’abside de la basilique Saint-Apollinaire à Ravenne, Italie. VIe siècle.

Sainte Eudoxia en prière, incrustation de pierres, Xème siècle, Musée archéologique d’Istambul. Photo Nick Thompson/Flickr.

Orant sur un chapiteau de la crypte de l’abbatiale de Cruas, Ardèche, vers l’an mil.

L’angélus, par Jean-François Millet, 1857, Musée d’Orsay, Paris. 

Ce tableau a été reproduit sur de nombreux supports et diffusé dans toutes les couches sociales, spécialement en milieu rural. En entendant sonner les cloches de l’église qu’on aperçoit au fond, le couple de paysans cesse son travail pour réciter la salutation à Marie.

Prière assis

Statuette en albâtre de de l’intendant Ebih-Il, les mains jointes. Vers 2400 av. J.-C. Mari (Tell Hariri), en Syrie. Musée du Louvre.
La posture assise témoigne du haut rang de ce personnage. Les mains jointes et les yeux agrandis soulignent sa concentration pendant la prière. 

Prière à genoux

Orant, statuette en bronze partiellement doré, 1750 avant notre ère, Babylone. Musée du Louvre. 

Prêtre jouant de la harpe à genoux devant le dieu Rê, stèle de bois peint, Egypte, vers 1000 avant notre ère.
Musée du Louvre.

Pharaon en prière, statue en bronze, Egypte, vers 700 avant notre ère.

Orant agenouillé, statue bouddhiste de grès doré, Birmanie, XIXe siècle. Photo du site Proantic.

Prière des Apsaras, spectacle contemporain de danse au Cambodge.

Participations particulières du corps

Je quitte les récits mythiques proprement dits pour évoquer en guise de conclusion des aspects récents ou contemporains de la prière, qui plongent leurs racines dans un passé très lointain. 

Les extases de Sainte Thérèse d’Avila

Pierre Roudot, un des biographes de la sainte, raconte que “sa prière était si continue que même le sommeil ne parvenait à en arrêter le cours. Simultanément, embrasée d’un violent désir de voir Dieu, elle se sentait mourir. Cet état singulier se déclencha à plusieurs reprises.” 

L’extase de Sainte Thérèse par Le Bernin, 1652, église Sainte Marie de la Victoire, Rome. photo Sailko.

Détail du visage de la sainte en extase, photo Meisterdruke.

Derviches tourneurs de la confrérie de Konya, photo Claude Valette.

Les derviches tourneurs

Une organisation musulmane, née en Turquie au XIIIe siècle, pratique aujourd’hui encore une prière dansée : l’orant tourne sur lui-même, d’abord lentement puis de plus en plus vite, en levant les bras pour recevoir la bénédiction du dieu.

Le vaudou

Les cérémonies du vaudou (forme religieuse née en Afrique et importée dans les Caraïbes par les esclaves) incluent des prières dansées.

Les derviches tourneurs

Une organisation musulmane, née en Turquie au XIIIe siècle, pratique aujourd’hui encore une prière dansée : l’orant tourne sur lui-même, d’abord lentement puis de plus en plus vite, en levant les bras pour recevoir la bénédiction du dieu.

Le vaudou

Les cérémonies du vaudou (forme religieuse née en Afrique et importée dans les Caraïbes par les esclaves) incluent des prières dansées.

Danse pendant une cérémonie vaudou au Togo, 2013, photo Metro UK.

Le Christ priant dans le jardin des Oliviers, vers 1530.
Photo du site Walters Art Museum illuminated manuscripts.
La force de cette enluminure est de se concentrer sur le buste du Christ et ses mains. Le spectateur est libre de l’imaginer debout, assis, ou à genoux, selon la posture qui lui convient personnellement. 

Partagez
Partager sur print
Partager sur email
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Fermer le menu