Le souvenir vivant du mythe

Les mythes sont les récits fondateurs d’une tradition sacrée, parfois très locale, parfois partagée par des millions de personnes. Les mythes et les rites qui les actualisent forment  la base de la plupart des religions.

Mythes

Egypte antique

Dans la tradition religieuse égyptienne, le méchant dieu Seth avait tué son frère Osiris et dispersé ses membres, pour lui voler la royauté de l’Egypte.

L’épouse d’Osiris, Isis, était une grande magicienne. Elle rassembla avec des bandelettes les membres dispersés. En récitant des formules magiques, elle ressuscita Osiris, qui devint dès lors le juge des morts.

Le rituel de l’embaumement du pharaon renouvelait la résurrection d’Osiris.  Grâce à ce rituel, le pharaon renaissait lui aussi dans l’autre monde. Au fil du temps, le rituel de la momification et la résurrection dans l’autre monde qui lui était associée ont été accordés à d’autres personnages que le pharaon.

Le dieu Anubis pratiquant le rituel de l’embaumement du pharaon, fragment de sarcophage, bois stuqué et peint, peut-être de 100 à 100 avant JC.

Musée Martin von Wagner, Wurzburg, Allemagne. Photo Daderot.

Monde hébraïque

Dans la Bible hébraïque, de nombreux rituels sont notés, pour conserver vivant le  souvenir de certains événements. Le souvenir le plus important à célébrer est la sortie d’Egypte.

Le chapitre 12 du livre de l’Exode raconte que le dieu des Hébreux va tuer chaque premier né des Egyptiens pour montrer sa puissance et obliger le pharaon à laisser partir ses esclaves Hébreux. En préparation à cette terrible action, le dieu ordonne que chaque famille des Hébreux tue un agneau. « On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera. Cette même nuit, on en mangera la chair, rôtie au feu ; on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères. (…) Quand vous le mangerez, vous aurez vos reins ceints, les sandales aux pieds, et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque du Seigneur. »

Le dernier repas de Hébreux en Egypte, gravure du XIXe siècle. Pour obéir aux consignes divines, les Hébreux sont représentés debout, le bâton à la main, en signe de préparation au départ.

Le passage de la Mer rouge, bible arménienne, du XIIIe siècle.

« Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exercerai des jugements contre tous les dieux de l’Égypte. Je suis le Seigneur. Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura pas de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur du Seigneur ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants. « 

Inde 

Dans la tradition hindoue, il y a d’innombrables fêtes très populaires qui célèbrent des événements rapportés dans les récits mythiques. Ces rituels très élaborés peuvent rassembler des milliers de personnes pendant plusieurs jours.

L’une des fêtes le plus célèbre est Holi, appelée aussi la fête des couleurs. Selon Wikipédia : “La nuit du premier jour de la fête, un feu est allumé pour rappeler la crémation de Holika, une démone brûlée par Vishnu. Holi veut dire « brûler » qui provient du mot Holika. Les pigments de couleurs remplacent aujourd’hui les cendres, dont les Hindoues se recouvraient le visage.”

Holi ou la fête des couleurs, fête la plus populaire aujourd’hui en Inde.

Le mythe du Barattage de la mer de lait a inspiré la  Kumbh Mela, la fête de la cruche. En barattant la mer de lait des origines du monde, Dieux et Démons produisirent l’amrita, l’élixir d’immortalité, qu’ils mirent dans une cruche. Puis ils se battirent pour la propriété de cet élixir et dans la bagarre, des gouttes tombèrent sur terre, en quatre lieux qui depuis sont sacrés.  A tour de rôle, ces quatre villes célèbrent le souvenir des gouttes d’immortalité qui sont tombées. Wikipédia précise que : 

“L’événement le plus important de la Kumbh Mela est l’immersion dans le fleuve au moment où ses eaux se transforment en amrita. Les Hindous pensent que s’immerger complètement dans les eaux à ce moment-là les nettoiera, ainsi que leur ascendants sur 88 générations, de tous leurs péchés.”

La Kumbh Mela de 2013 à Allahabad. En février 2019, cette ville va accueillir en un mois 150 millions de personnes.  

monde chrétien

Pour les chrétiens catholiques et orthodoxes, le rituel de l’eucharistie célébré pendant la messe prend sa source dans le dernier repas que le Christ a partagé avec ses disciples, avant d’être arrêté, jugé et exécuté. Wikipédia nous dit, à l’article Eucharistie :

“C’est pendant ce repas que Jésus institue l’eucharistie : en prenant du pain il dit : « Ceci est mon corps »; en prenant la coupe il dit : « Ceci est la coupe de mon sang »; et il demande à ses disciples de faire cela en sa mémoire. (…) Cette liturgie a pour finalité de manifester, concrètement et dans l’instant présent, la présence éternelle du sacrifice du Christ. »

Le dernier repas du Christ, par Frans Pourbus le jeune, XVIIe siècle, Musée du Louvre.

Islam

La fête la plus importante de l’Islam porte des noms différents selon les pays, dont le plus connu est l’Aïd el Kébir. À ce propos, je cite encore Wikipédia :

“Cette fête commémore la force de la foi d’Ibrahim (Abraham dans la tradition judéo-chrétienne) en son Dieu, symbolisée par l’épisode où il accepte de sacrifier, sur l’ordre de Dieu, son fils Ismaël (dans la tradition judéo-chrétienne, le fils à sacrifier est Isaac).

Après son acceptation de l’ordre divin, Dieu envoie l’archange Gabriel (Jibrīl) qui, au dernier moment, substitue à l’enfant un mouton qui servira d’offrande sacrificielle. En souvenir  de cette dévotion d’Ibrahim à son Dieu, les familles musulmanes sacrifient un animal (mouton, chèvre, boeuf).”

Le sacrifice d’Ismaël par Ibrahim (Abraham), Iran, vers 1595, manuscrit “Histoire des Prophètes”,   Bibliothèque nationale, Paris.

L’archange Jibril (Gabriel) apporte un bélier pour remplacer l’enfant,

aujourd’hui partout dans le monde

Aujourd’hui, partout dans le monde, les récits mythiques inspirent de belles fêtes, de belles images, de beaux textes. Ils nous rappellent que le terme « religion » vient d’un mot latin qui signifie « relier » : relier les humains entre eux et les relier avec « quelque chose » d’inconnu qui les dépasse mais qui les attire irrésistiblement.

Photo Greg Rakozy sous Unsplash

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