Anneaux et autres objets magiques

L’anneau magique est la version mythique d’une réalité historique : les bagues des rois ou des personnages importants étaient souvent ornées d’un sceau qui permettait d’imprimer leur marque sur des courriers ou des objets, afin de prouver l’origine du document ou de l’objet. À partir de ces signes réels de pouvoir, la pensée mythique fait de l’anneau le support d’un pouvoir magique, qui permet au propriétaire de l’anneau une prise de possession des êtres vivants et des territoires.

Bague sceau antique, Musée du Louvre

Monde sémitique et arabe

La tradition non biblique attribue au roi Salomon un anneau magique qui lui permettait de commander aux esprits et au Djinns et de comprendre le langage des animaux, comme le raconte un conte des Mille et une nuits :

Le pêcheur et le génie

Un pauvre pêcheur a pris dans ses filets un vase très ancien, fermé par un couvercle de plomb. En ouvrant le couvercle, il fait sortir un immense génie qui lui raconte avoir été emprisonné dans le vase par Salomon, parce qu’il refusait de rendre hommage au Dieu unique. Furieux d’avoir subi cette prison pendant des siècles, le génie veut passer sa colère en tuant le pêcheur mais en remerciement de l’avoir délivré, il lui offre de choisir lui-même le genre de mort qu’il recevra.

Le pêcheur lui répond qu’il ne croit rien de cette histoire : « Comment as-tu pu être contenu tout entier dans ce vase qui peut à peine contenir ton pied ou ta main ? » Pour prouver qu’il ne ment pas, le génie se ratatine jusqu’à entrer à nouveau dans le vase. « Alors le pêcheur prit rapidement le couvercle empreint du sceau de Salomon et en boucha l’orifice du vase. (Le pêcheur annonce au génie qu’il va rejeter le vase à la mer pour toujours. Le génie essaye en vain de se libérer) Il vit qu’il était emprisonné avec au-dessus de lui le sceau de Salomon. Il comprit alors que le pêcheur l’avait enfermé dans le cachot contre lequel ne peuvent prévaloir ni les plus faibles ni les plus puissants parmi les génies. »

Après négociation sous forme d’échange d’histoires édifiantes, le pêcheur accepte de rendre sa liberté au génie en retirant le couvercle du vase. Et après bien des péripéties, le génie aidera le pauvre pêcheur à faire fortune.

 

 

Le pêcheur et le génie sortant du vase, gravure illustrant un recueil de Contes des Mille et une nuits, XIXe siècle.

Au début des Mille et une nuits, des bagues sceaux sont mentionnées pour leur usage courant : attester de l’identité de quelqu’un. Ce qui est moins courant, ce sont les circonstances dans lesquelles elles sont utilisées ! Une belle adolescente prisonnière d’un génie force le roi Schahriar et son frère Schazaman à coucher avec elle pendant le sommeil de son gardien. « Puis elle sortit de sa poche un petit sac et en tira un collier composé de cinq cent soixante-dix sceaux et leur dit : Les propriétaires de ces sceaux ont tous fait l’amour avec moi, sur les cornes insensibles de ce génie. Ainsi donc, vous les deux frères, donnez-moi les vôtres. Alors ils lui donnèrent, les sortant de leurs mains, deux sceaux. (Elle leur explique que malgré toutes les précautions que le génie prend, elle ne se prive pas de rencontrer des hommes) car « lorsqu’une femme désire quelque chose, rien ne saurait la vaincre. »

(Histoires résumées d’après Les Mille et une nuits, traduction Mardrus.)

Monde grec antique

De la mythologie grecque nous vient l’histoire de l’anneau de Gygès qui est célèbre parce qu’elle est rapportée par le philosophe Platon.

L’anneau de Gygès

Un jour d’orage, la terre s’entrouvre devant Gygès, un berger. Dans la fracture du sol, il aperçoit un homme enterré avec un anneau à une main. Il vole le bijou du mort pour le mettre à son doigt, et pour cacher la pierre qui le décore, il la tourne vers l’intérieur de sa main. Il se rend compte qu’il devient alors invisible. Protégé par son invisibilité, il pénètre dans le palais royal, séduit la reine, complote avec elle et assassine le roi Candaule pour prendre sa place en épousant sa veuve.

Platon utilise ce mythe pour philosopher à propos de la vertu : si un homme est sûr de son impunité, est-ce qu’il pratiquera la vertu ou bien en profitera-t-il pour commettre des crimes si cela l’arrange ?

Europe médiévale et moderne

Dans la mythologie germanique, l’anneau des Nibelungen (ou du Nibelung) était un  anneau forgé avec l’or du Rhin. Tous ceux qui le voyaient voulaient le posséder à tout prix, ce qui provoquait de nombreuses violences. Le chevalier Siegfried tua le dragon Fafnir qui le possédait et l’offrit à la Walkyrie Brunehilde, en gage d’amour. Mais Siegfried, victime d’une boisson magique, tomba amoureux d’une autre femme et oublia Brunehilde. Pour se venger, celle-ci commandita le meurtre de Siegfrid. Puis, désespérée par sa mort, car elle l’aimait plus que jamais, elle se jeta sur le bûcher funéraire du chevalier, ce qui détruisit l’anneau.

Dans l’univers littéraire du britannique Tolkien « Le seigneur des anneaux », il y a de nombreux anneaux de pouvoir qui appartiennent soit aux Elfes, soit aux Nains, soit aux Hommes, mais le plus précieux est l’anneau unique qui contrôle tous les autres et fait donc l’objet de toutes les convoitises.

L’anneau magique de l’univers littéraire créé par Tolkien et repris par le cinéma.

autres objets magiques

Les anneaux sont loin d’épuiser le sujet des objets magiques, indispensables dans bien des mythes et des contes, car les héros de ces récits ont de grandes qualités humaines, telles que le courage, la sainteté ou l’endurance, mais ils n’ont pas de pouvoirs magiques (contrairement aux super-héros modernes tels Batman !).

C’est donc un objet (confié par une divinité ou fabriqué par le héros lui-même comme la cuirasse qu’Héraclès a confectionnée avec la peau du lion de Némée ou sa célèbre massue taillée par lui) qui permettra au héros de réaliser la tâche surnaturelle qu’il a décidé lui-même d’accomplir ou que quelqu’un (un dieu, un roi…) l’oblige à accomplir.

Mythes

Dans les mythes, l’objet magique est la manifestation de la puissance divine qui vient mettre de l’ordre dans le monde par la main du héros destructeur de monstres ou d’humains “méchants”.

mythologie hébraïque

Chez les anciens Hébreux, peuple de bergers nomades, le bâton (le terme peut aussi se traduire par baguette) est un objet chargé de symboles. Il permet au dieu des Hébreux de manifester sa puissance, en montrant que le Créateur domine sa création :  le bâton de Moïse fait obéir la mer et fait jaillir de l’eau dans le désert, le bâton d’Aaron se libère du cycle naturel des plantes.

Le bâton (ou la baguette) de Moïse

Dans la Bible, le livre de l’Exode nous raconte que Moïse (prince exilé d’Egypte après un meurtre) gardait les troupeaux de son beau-père sur le mont Sinaï, quand il aperçut un buisson étrange qui brûlait sans se consumer. S’étant approché avec curiosité, il entendit une voix lui ordonner de retirer ses chaussures, car l’endroit où il se tenait était sacré. « Je suis, ajouta la voix, le dieu de ton père, le dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. »

Puis la voix l’informa qu’il devait retourner en Egypte pour libérer le peuple hébreu et le conduire dans une autre terre ; Moïse donna toutes sortes d’arguments pour ne pas entreprendre une mission qui lui semblait impossible. La voix lui ordonna de jeter son bâton par terre. « Il le jeta à terre. Le bâton devint un serpent, et en le voyant, Moïse recula. Le Seigneur lui dit : – Etends la main et saisis le par la queue. Il étendit la main et le saisit et le serpent redevint un bâton dans sa main. (…) Moïse prit avec lui sa femme et ses fils, les fit monter sur un âne et retourna en Egypte. Il tenait à la main le bâton de Dieu. » (chapitre 3)

Après bien des péripéties au cours desquelles Moïse utilisa son bâton pour manifester la puissance de son dieu (notamment en changeant en sang les eaux du Nil), le pharaon accepta enfin de laisser partir les Hébreux, puis il le regretta et s’élança à leur poursuite.

Voilà le peuple hébreu coincé entre la mer rouge et les soldats qui arrivent à la vitesse de leurs chars tirés par des chevaux. « Alors le Seigneur dit à Moïse : – Lève ton bâton, étends la main sur la mer et fends-la afin que les Israélites puissent la traverser à pied sec.  (…) Et les Israélites descendirent à pied sec au milieu de la mer, tandis que les eaux formaient comme une muraille à leur droite et à leur gauche. » Quand les Israélites eurent complètement traversé, Moïse  étendit à nouveau son bâton sur la mer et les eaux, en refluant, anéantirent l’armée du pharaon (chapitre 14).

Après le passage de la Mer rouge, les Israélites erraient dans le désert et comme ils manquaient d’eau, ils murmurèrent contre Moïse qui demanda l’aide de son dieu. Celui-ci lui répondit : « Prends à la main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil et marche. Je me tiendrai devant toi là, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en jaillira de l’eau et le peuple pourra boire. Ainsi fit Moïse en présence des anciens d’Israël. » (Livre de l’Exode, Chapitre 17)

Le bâton (ou la baguette) d’Aaron

Aaron était le frère de Moïse et le dieu des Israélites l’avait désigné pour être le grand prêtre mais certains Israélites murmuraient contre ce choix. Le dieu ordonna qu’un bâton portant le nom de chacune des douze tribus d’Israël soit placé dans la tente de réunion. Le lendemain, « voici qu’avait fleuri le bâton d’Aaron, pour la tribu de Lévi : des boutons y avaient germé, des fleurs y étaient écloses et des amandes y avaient mûri. » Devant ce prodige qui prouvait nettement la volonté de leur dieu de privilégier Aaron, les Israélites l’acceptèrent comme grand prêtre. (Livre des Nombres, chapitre 17, versets 16 à 28.)

Le bâton d’Aaron fleurit au milieu des autres bâtons, Bible imprimée par Albrecht Pfister en 1462-1463. Bayerische Staatsbibliothek.

Le bâton d’Aaron fleurit au milieu des autres bâtons, gravure du XIXe siècle.

Dans la mythologie grecque

Chez les Grecs, on retrouve sans surprise les objets du cavalier, mis au service d’exploits guerriers.

Les objets magiques de Persée

Le jeune héros Persée avait reçu d’un méchant roi qui voulait se débarrasser de lui la mission impossible de rapporter la tête de Méduse, dont le regard changeait en pierre celui qui la regardait. Athéna lui donna un bouclier de bronze, puis des nymphes lui offrirent un casque qui rendait invisible, des sandales ailées et une besace. Enfin, Hermès lui offrit une épée. Bien entendu, les divinités lui donnèrent aussi la marche à suivre pour venir à bout de son projet.

Grâce aux sandales ailées, Persée survola la mer pour gagner le repaire de Méduse. Pour ne pas regarder le monstre, il s’approcha à reculons en se servant du bouclier comme d’un miroir et le tua avec l’épée d’Hermès. Les sœurs de Méduse tentèrent de le rattraper mais grâce au casque, il était invisible à leurs yeux. La tête de Méduse en sécurité dans sa besace, il repartit mais, en survolant à nouveau la mer, il aperçut une belle jeune fille enchaînée sur la plage. Il descendit s’informer et ayant appris qu’elle était offerte pour apaiser un monstre marin qui ravageait le littoral, il s’empressa de s’envoler à nouveau et alla  tuer le monstre. Ayant épousé la belle Andromède, il retourna chez le roi qui l’avait envoyé en mission. Comme celui-ci ne voulait pas croire qu’il avait réellement tué Méduse, Persée sortit la tête de sa besace et la présenta au roi qui fut aussitôt pétrifié, car même morte, elle avait gardé toute son efficacité.

Ensuite, le héros rendit les objets à leurs divins propriétaires. Il offrit la tête de Méduse à Athéna qui la fixa au centre de son bouclier. Ainsi, l’objet de la quête du héros (la tête de Méduse) devint à son tour un objet magique, qui exprima la puissance de la déesse guerrière en faisant des ravages dans les rangs de ses ennemis.

Tête de Méduse, céramique, XVIe siècle.

Méduse était une prêtresse d’Athéna. Malgré son voeu de chasteté, elle fut violée par le dieu Poséidon, dans le temple même d’Athéna. La déesse, considérant que la jeune fille n’était plus digne d’exercer le culte ni toute autre activité honorable, la transforma en monstre : ses beaux cheveux bouclés devinrent des serpents et son regard séduisant devint mortel.

Une bride d’or pour Bellérophon

Bellérophon, fils du roi de Corinthe, rêvait d’apprivoiser Pégase, le cheval ailé né du cou de Méduse tranché par Persée. Sur le conseil d’un devin, il alla passer la nuit dans le sanctuaire d’Athéna. « Là, le jeune homme rêva que la déesse lui donnait une bride d’or et lui ordonnait de sacrifier un taureau à Poséidon le Dompteur. Lorsqu’il s’éveilla, il trouva la bride sur le sol, près de lui. » (Dictionnaire de la Mythologie, de Michael Grant et John Hazel, Marabout) Après avoir accompli le sacrifice prescrit, il trouva le cheval merveilleux et, lui ayant passé la bride sans problème, il apprit à le guider tout en volant.

Alors qu’il séjournait chez un roi, l’épouse de celui-ci tomba amoureuse de lui, mais il repoussa ses avances car il ne voulait pas trahir celui qui l’accueillait avec bonté. Pour se venger de son dédain, la reine l’accusa de viol. Injustement chassé, il va devoir accomplir toutes sortes d’épreuves qui normalement auraient dû entraîner sa mort, mais grâce à son cheval volant, il réussira tous ses combats, à commencer par celui contre la terrible Chimère, qu’il percera de ses flèches en la survolant.

Bellérophon, mosaïque antique , Musée d’Autun, photo Félix Potuit, La chimère avait deux têtes : une tête de lion à l’emplacement normal et une tête de chèvre sur le dos. Sur cette représentation, le héros utilise une lance et non un arc.

Le voile d’Ino pour Ulysse

Après la guerre de Troie, Ulysse a erré pendant des années, poursuivi par la colère de Poséidon, le dieu de la mer dont il a aveuglé le fils (voir le célèbre épisode du cyclope). Son bateau a fait naufrage, ses compagnons ont tous péri, il se retrouve sur un radeau pris dans la tempête. Il est au bord du désespoir quand une déesse marine nommée Ino lui apparaît et lui conseille d’abandonner son radeau prêt à se disloquer et de se sauver à la nage. « Prends ce voile divin, tends-le sur ta poitrine ; avec lui, ne crains plus la douleur ni la mort. Mais lorsque, de tes mains tu toucheras la rive, défais-le, jette-le dans la vague vineuse au plus loin vers le large et détourne la tête ! A peine lui avait-elle parlé que, lui donnant le voile, elle replongeait dans la vague écumante, pareille à la mouette. »

Avec l’aide d’Athéna qui le guide vers l’embouchure d’un fleuve plus calme que la mer, Ulysse finira par atteindre la terre ferme et s’empressera de rejeter le voile protecteur dans les flots pour le rendre à Ino.

Ino et son voile, mosaïque gallo-romaine, Musée Saint-Raymond, Toulouse.

mythologie hindoue

Les épopées hindoue contiennent une foule d’armes magiques données par les dieux aux différents héros, mais il faut vraiment être un grand héros pour parvenir à les obtenir ! En attendant de lire le détail des épreuves d’Arjuna pour obtenir l’arme de Shiva (thème “Le pur et l’Impur”, épisode 6), jugez ci dessous de l’héroïsme de Karna :

L’arme d’Indra pour Karna

Le héros Karna est né d’une jeune fille fécondée par le dieu Soleil (voir le thème “Les femmes vierges” à propos de l’épisode 5). Son origine divine se manifeste par le fait qu’il est né avec des boucles d’oreilles et une armure d’or intégrées à son corps, objets magiques qui le rendent invincibles. Devenu adulte, Karna, par piété, a fait le voeu de ne jamais rien refuser à un brahmane (prêtre).

Un jour, Indra déguisé en brahmane vient lui demander les boucles d’oreilles et l’armure d’or, car Indra veut avantager son fils Arjuna dans le combat qui va opposer les deux héros. Mais le dieu Soleil a prévenu son fils Karna de cette ruse. Quand le faux brahame vient lui demander les boucles oreilles et l’armure, il accepte de les donner, à condition que le dieu lui donne en échange Shakti, l’arme absolue. Indra lui donne Shakti, mais Karna ne devra l’utiliser que si sa vie est en danger et il ne l’utilisera qu’une seule fois, après quoi, elle retournera d’elle même auprès d’Indra.

Karna offre en retour au dieu ce qu’il lui demande, comme le raconte Serge Demetrian :

“Alors, sans hésiter un instant, il sortit son épée et commença à arracher son armure, collée à sa peau comme une cotte de mailles naturelle. Les dieux, les démons et les mortels virent Karna s’écorcher lui-même et acclamèrent son courage. Le héros offrit à Indra l’armure et les boucles d’oreilles rutilantes de sang ; son visage ne trahissait aucun signe de douleur. Impressionné par sa force de caractère, le roi des dieux guérit les blessures du fils du Soleil et fit disparaître ses cicatrices.”

Le dieu Indra donne à Karna son arme magique Indrashakti (l’équivalent de la foudre de Zeus). Illustration de Ramanarayanadatta astri.

Karna comptait utiliser Shakti pour tuer Arjuna, mais il va être obligé de l’utiliser contre un démon et donc il va la perdre. Sans Shakti et sans son armure magique, il ne pourra pas échapper à la mort sous les flèches d’Arjuna Mais sa mort même va manifester son origine divine (voir le thème “La mort des héros”, épisode 42).

L’arme de Shiva pour Arjuna

Par d’incroyables épreuves de purification, le héros Arjuna fils du roi des dieux Indra obtient de Shiva une arme redoutable capable de détruire les trois mondes, celui des dieux, celui des hommes et celui des démons si elle est utilisée avec de mauvaises intentions :

“À l’instant où le héros toucha l’arme absolue, la terre trembla ; mille conques, tambours et trompettes résonnèrent ; des ouragans et des tourbillons déchirèrent le ciel en hurlant. Mais Arjuna ne broncha pas. Le Grand Dieu parut satisfait.” (conté par Serge Demetrian)

Contes

Dans les contes, le héros s’empare de l’objet qui est magique en lui-même, sans qu’il y ait une origine particulière à ce pouvoir, et il l’utilise pour des projets personnels : s’enrichir, épouser la princesse… L’objet magique est l’un des marqueurs du conte en tant que genre narratif, on le trouve donc comme accessoire dans beaucoup de contes.

Il est en général un objet positif qui aide le héros à réaliser ses objectifs (chaussures magiques, cape d’invisibilité, tapis volant, bourse inépuisable…), mais il peut aussi être négatif, comme la clé magique qui signale à Barbe Bleue que son épouse est entrée dans la chambre interdite.

Barbe Bleue et la clé magique, illustration d’un recueil de contes de fées, XIXe siècle.

L’objet magique peut aussi être le sujet même du conte. Parmi les contes ayant pour thème principal un objet magique, le catalogue du conte populaire français recense 20 contes types relevés en France. (Dans la classification internationale, les numéros des contes sur ce thème vont du 560 au 621.)

L’anneau magique (conte type 560)

Un jeune homme de condition modeste entre par hasard en possession d’un anneau qui exécute tous les souhaits de celui qui le porte. Grâce à cet objet, il obtient de grandes richesses et se marie avec la fille du roi. Puis on lui vole son anneau. Avec l’aide d’animaux secourables, il finit par retrouver l’anneau et le statut avantageux qui va avec la possession de cet objet magique.

L’anneau est l’objet le plus pratique comme support de force magique, mais, sur la même structure narrative, le conte 560 peut mettre en scène un autre objet : une tabatière ou des pierres précieuses.

La lampe magique (conte type 561) 

Le conte type 561 s’intitule internationalement Aladin ou la lampe merveilleuse.

Le héros est un garçon pauvre, enfant ou adolescent. Un homme se présente qui se dit son oncle et l’emmène avec lui en prétendant qu’il va s’occuper de son éducation. Le faux oncle oblige le garçon à aller récupérer une vieille lampe dans un souterrain. Le garçon découvre que la lampe (ou l’être surnaturel qui apparaît quand on la frotte) exécute tous ses souhaits. Il va utiliser ce pouvoir, d’abord, tout simplement pour manger, puis pour s’enrichir et épouser la princesse.

 

 

 

 

Aladin ordonne au génie de lui apporter à manger, illustration de Milo Winter pour une édition des Mille et une nuits, Rand McNally & Company, 1914.

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